À chacun son gratteux

Réal Boisvert, La Gazette de la Mauricie, Trois-Rivières, le 24 février au 23 mars 2010

Après les banquiers et les chefs d’entreprise et tout juste avant que les médecins ne le fassent eux-mêmes, Loto Québec passe à la caisse. En ajoutant le jeu en ligne à la gamme de ses produits récréatifs, elle espère ainsi gonfler ses coffres. Soit disant pour aider à renflouer ceux de l’État, largement mis à mal par les sommes empruntées pour financer la relance économique.

Où Loto Québec va-t-il aller chercher son argent ? Dans les poches des gagne-petit. De ceux qui, jusqu’à maintenant peut-être, hésitaient à jouer sur Internet parce que l’offre de jeu était illégale. Avec la bénédiction de la Société d’état, ils vont tenter leur chance. Comment les en blâmer ? Les temps sont durs. Les chances de trouver un job sont minces. Celles de remporter la mise sont presque nulles. Presque… Tout est là. Loto Québec fera tout en son possible pour inviter le joueur qui rabattra ses cartes en vain à tenter sa chance à nouveau.

Il y a maldonne. Mais tous les naïfs accrochés au bras d’une machine à sous, les habitués des billets de loterie, les amateurs égarés dans les casinos ou les cobayes à l’émission le Banquier ont de quoi s’inspirer. L’exemple vient de haut. Il vient de tous ceux qui misent sur des produits dérivés, qui spéculent à tout vent, qui promettent, qui bluffent, qui trichent, qui empochent en faisant miroiter l’espoir d’un rendement de 20 %.

Tout le monde joue. Du pareil au même. Partout l’espoir répandu de gagner le pactole par magie. Avant, il y a très longtemps, on disait que les résultats arrivaient après l’effort. Maintenant, on s’en remet au hasard sinon à la chance de ne pas se faire prendre. Drôle d’époque. Les mains moites des joueurs ont remplacé les doigts effilés des belles dentellières.
 

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