Sylvie Prévost, Le Journal de Prévost, le 18 février 2010
Visionnart est un organisme voué à la professionnalisation de jeunes artistes. Qu’avait-il de bon à nous proposer ?
Sonia Johnson, déjà appréciée dans le Duo Con-tra-dic-tion, nous est revenue cette fois en trio, avec des musiciens aussi chevronnés qu’audacieux (Luc Beaugrand au piano et Frédérick Alarie à la contrebasse). Les instrumentistes sont bien sûr extrêmement solides et inventifs. Alarie, spécialement, aime sortir des sentiers battus et nous étourdit de virtuosité. Par ailleurs, la technique classique de la chanteuse est merveilleusement mise à profit dans sa musique : son énergie est pleine, les phrases musicales sont sans coupure, les paroles parfaitement intelligibles. Sa voix moule bien aux émotions, tendre ou fougueuse ; elle pourrait toutefois se permettre un brin de folie supplémentaire, quelque chose de plus spontané, dans les passages de scat. Attention aussi au durcissement du son dans les fortes. Son plaisir de chanter et celui des autres à jouer sont tangibles et tout à fait réjuvénateurs. Un trio bien équilibré, se partageant le spectacle avec une grande complicité et beaucoup de gaieté.
No son Cubanos (Nicolas Jarret aux percussions, Guillaume Rochon au piano et Daniel Moranville, contrebasse), en seconde partie, explosait de toute ardeur de la jeunesse, qui doute peut-être, mais fonce de toute façon. Les harmonies de voix sont belles ; j’ai toutefois regretté que celui qui a la plus jolie voix chante aussi peu (j’ai nommé D. Moranville). Bouillantes de vitalité, leurs interprétations évalueront probablement vers un peu plus de subtilité : être énergique ne signifie pas manquer de nuances, de dynamique, de relief dans le jeu, de fluidité dans les tempi. Il faut oser et élargir le cadre, ils en ont tout le talent ! Plus de senti dans leur jeu ne saurait que les rendre encore plus attachants. Que Sainte-Cécile les assiste oui, la patronne des musiciens agit même sur ceux qui sont – ou ne sont pas – cubains !