La mi-carême à l’île aux Grues

Pascal Huot, La Quête, Québec, février 2010

Au cours de l’histoire de leur implantation à l’Île aux Grues, les insulaires ont dû développer des activités pour rendre leur solitude moins lourde et contraignante. Ainsi, quand le traversier cesse, que les glaces isolent les îles « ils (les insulaires) répondent au froid, à l’hiver et à leur isolement avec les moyens de fortune… les canots d’hiver, le corne-en-cul, l’encan des âmes, les veillées, le whisky de contrebande… et la mi-carême », écrivait Pierre Perreault en 1964.

La tradition de la mi-carême est célébrée vers la deuxième semaine de mars. L’Île aux Grues festoiera, pour cette année, du 8 au 14 mars prochain. La fête consiste à passer de maison en maison en petits groupes déguisés. Les mi-carêmes changent leurs voix, leurs démarches et leurs mimiques afin de ne pas se faire reconnaître et mystifier les hôtes qui essaient alors de découvrir qui se cache derrière le masque.

Au fil des ans, les costumes sont devenus de plus en plus sophistiqués et si, dans un premier temps, chaque membre de la fête fabriquait son déguisement, les couturières de l’île confectionnent aujourd’hui un costume nouveau chaque année autour d’un thème. Ce spectacle populaire permet de rompre avec l’hiver, le quotidien, l’isolement.

 

 

 

« C’est sûr que, pour les gens de l’île c’est un événement important pendant l’hiver parce que justement, ça brise peut-être un peu l’isolement », souligne Amélie Ringuet, superviseure au bureau d’information touristique pour l’Office de tourisme de la Côté-du-Sud.

 

Une invitation touristique

 

La tradition de la mi-carême, qui a aidé à populariser l’île, fait de celle-ci un endroit solicité par le touriste. La publicité exercée par les reportages journalistiques et télévisuels a contribué à la séduction d’un bon nombre de touristes qui veulent prendre part à la fête.

Par contre, cette affluence touristique ne va pas sans heurt. « Pour ce qui est du niveau touristique, ils ont une capacité d’accueil quand même. Parce que cette année, il y a eu 250 personnes pendant la fin de semaine de la mi-carême. Mais c’est certain, il ne pourrait pas y avoir 600 personnes parce que les infrastructures sur l’île ne sont pas suffisantes pour accueillir tous ces gens-là », explique Amélie Ringet.

Les gîtes et auberges sont remplis à pleine capacité et seul le service aérien assure la traversée à l’île à ce moment-là. En somme, assister à la mi-carême est un privilège. « Durant cette période-là, il y a beaucoup de touristes. Durant une fin de semaine, c’est une grosse fin de semaine, à cause on peut voyager dans une journée tout près de 200 personnes », témoigne Jean Gosselin, pilote pour Air Montmagny.

Enfin, le touriste qui y assiste doit être conscient de son rôle restreint, il est confiné à celui de spectateur. En effet, lors de la mi-carême, un touriste ne peut pas se déguiser et s’attendre à être reconnu. De même, il ne peut reconnaître les insulaires qui lui sont étrangers. Sa participation réduirait à néant les tenants de la célébration. Mais il peut tout de même apprécier cette fête qui était plus répandue autrefois, au Québec.

classé sous : Non classé