François Beaudreau, L’annonceur, Pierreville, le 24 février au 9 mars 2010
Dehors, une douceur inhabituelle pour la saison. Peut-être l’hiver avait fait une trêve pour réchauffer les cœurs lors de la Saint-Valentin. Les fenêtres du musée des Abénakis d’Odanak étaient éclairées. Au second étage, tout un auditoire se tenait prêt. Un petit groupe de femmes parmi les spectateurs, attablé près de la scène aménagée pour cette occasion. L’artiste peintre et sculpteure Christine Sioui Wawanolett.
Puis, la directrice générale de l’institution, Michelle Bélanger, s’avança pour présenter les deux conteurs, Marie-Céline Charron et Sylvain Rivard ; car le 12 février dernier, c’était la « Soirée de contes coquins » au musée. Mode d’expression artistique vieux comme le monde, le contre marque les imaginaires d`s la plus tendre enfance, sert des mises en garde, faire rire ou frémir, explique le monde qui nous entoure.
Le conte, un art à part entière qui puise à plusieurs disciplines : il s’apparente à la poésie même s’il n’en est pas, puise dans les procédés littéraires dont il est à l’origine, et fait nécessairement appel à l’art oratoire. Bref, le conteur est devenu, dans un langage moulu par le « politiquement correct », cette bibitte baptisée sentencieusement un « artiste pluridisciplinaire ». Mais c’est bien plus que ça.
La formule, elle ne se dément et continue d’attirer les gens. Les conteurs, les occasions et les lieux où ils se produisent ne manquent donc pas. Et faire entrer le conte dans un musée, lieu de conservation, mais aussi lieu de diffusion, est certainement une idée intéressante.
Marie-Céline Charron présente des contes tirés de la tradition de la Nation Naskapi. Peuplés de différents animaux et oiseaux, ces contes proposent des fables fantastiques expliquant, souvent avec humour, mœurs et coutumes qui jalonnent la culture traditionnelle des premières Nations. Au centre du conte, le « trickster », joueur de tour personnifié par le mythique carcajou, qui se fait immanquablement prendre à ses propres ruses.
La présentation de Sylvain Rivard puise dans la tradition Abénakise. Le « trickster » devient alors « asban », le raton-laveur. Ce conteur pousse l’expérience plus loin, enrichit la tradition d’inventions inattendues, actualisée les protagonistes. Ethnologue respecté et artiste reconnu, il cumule à son actif d’innombrables prestations un peu partout au pays et ailleurs dans le monde.