Des gens de cœur : Le communautaire en action

Chares T., Reflet de société, Montréal, février-mars 2010

Pourquoi est-on suspicieux dès qu’une organisation présente de bons résultats ? On scrute ce groupe et ses responsables avec l’espoir de trouver une erreur. Pourquoi n’éprouve-t-on pas le désir de se joindre à ce succès po, du moins, de le soutenir voire de le reproduire ? On prétend qu’en période difficile, on sait être solidaire ! Pourtant il semblerait que ça ne soit pas toujours le cas. On parle partout d’aidants naturels, de simplicité volontaire, de démarches vers l’autonomie, d’entraide populaire et d’actions communautaires indépendantes, mais qui connaît vraiment le milieu communautaire ? Celui qui se trouve dans sa propre cour !

Quel dommage car, lorsqu’on découvre les organismes et que l’on est informé sur les changements et l’aide qu’ils apportent à la communauté, on comprend mieux leur importance. Savez-vous que ce sont eux qui contribuent à améliorer la qualité de vie de milliers de citoyens ? Peut-être un membre de votre famille en a-t-il bénéficié ? Pouvez-vous imaginer combien d’argent ces organismes permettent au gouvernement d’économiser chaque année ?

Les médias évoquent souvent le budget réservé aux programmes sociaux en termes de gros chiffres. Mais cet argent est redistribué à des milliers d’organismes à travers le pays : au Canada, pour 33 millions de personnes, il existe 160 000 organismes de bienfaisance dont 46 000 au Québec. Finalement un organisme reçoit bien peu !

Les maladies mentales, la dépendance, la consommation, l’isolement, la pauvreté, la souffrance psychologique, la violence faite aux enfants, la violence conjugale, les agressions sexuelles, l’abandon sont autant de domaines d’action du milieu communautaire, et la liste est loin d’être exhaustive. Combien de ces organismes permettent aux jeunes en détresse de quitter la rue, de se réorienter vers l’école ou vers un travail ? Certains reçoivent un traitement en centre de désintoxication ou de thérapie et s’en sortent. Ils deviennent alors des citoyens respectables qui payent leurs impôts.

Certains de ces groupes communautaires ont pour mission d’accompagner des personnes âgées, malades, démunies et isolées pour leurs rendez-vous médicaux ou légaux importants. D’autres offrent des activités sociales ou artistiques afin de redonner espoir à une population fragilisée pour mille raisons. N’est-ce pas la responsabilité de la société d’aider les plus faibles ? Car il est faux de croire que nous sommes égaux dans la vie !

Des jeunes de la rue, qui pour une fois mangent à leur faim et participent à des activités dans un contexte accueillant, reprendront confiance ! Il en est ainsi pour des familles démunies ou isolées, pour des parents qui s’occupent d’enfants malades ou différents, qui sont dépassés et qui ont épuisé toutes leurs ressources. Les organismes stimulent et guident des gens qui avaient perdu tout espoir de voir leurs rêves s’accomplir.

Personnellement, j’ai entendu des témoignages poignants de personnes qui affirment être en vie et heureux grâce aux employés et aux bénévoles qui oeuvrent dans ces organisations. J’ai aussi été témoin des miracles qu’accomplissent chaque jour ces femmes et ces hommes de cœur en sauvant la vie de gens désespérés et exclus du système traditionnel.

Que dire alors de ces organismes et des personnes qui y travaillent ? Bien souvent, ce sont des femmes qui soutiennent la communauté, non pas pour le salaire qui paraît bien dérisoire par rapport à leurs compétences, mais par humanisme et par attachement à la cause.

Ces gens de cœur ne comptent pas les heures consacrées à leur mission et considèrent les bénéficiaires comme des numéros de dossier. Certains se réveillent la nuit, inquiets pour une personne qui souffre.

Mais en réalité, l’essentiel de leur travail n’est pas directement lié à la personne qui a besoin de soutien. Ces gens d’une qualité humaine rare, d’une expertise certaine et d’un professionnalisme indiscutable, passent beaucoup de temps à chercher de l’argent pour que l’organisme survive : les demandes de subventions gouvernementales sont longues et exigeantes à exécuter, les réponses arrivent trop souvent tardivement. Certaines subventions, destinées à payer les minces salaires des intervenants, sont supprimées ou dirigée vers d’autres portefeuilles. Dans la majorité des cas, une petite poignée de personnes travaillent à réaliser la mission du mieux qu’elles peuvent et avec bien peu de ressources. Chaque mois de plus est une victoire !

Créativité, polyvalence et don de soi sont gages de réussite et d’espoir. Le membre qui s’engage doit être à la fois commis de bureau, gestionnaire, réceptionniste, organisateur d’événements, commis comptable, responsable des communications… Mais il doit, en tout premier lieu, être disponible pour la personne qui réclame du soutien puisque telle est sa mission, sa raison d’être et sa formation professionnelle. Il est intervenant, écoutant, souriant et surtout accueillant. Pourtant une épée de Damoclès menace en permanence !

Les organismes communautaires ont leur place et un rôle important à jouer au sein de la société. Nous devons les aider à survivre ! Nous devons les appuyer dans leurs demandes d’aide aux gouvernements et aux grandes entreprises. C’est notre responsabilité. Repérez dans votre quartier les organismes près de chez vous et renseignez-vous sur leurs réalisations. Prenez le temps de vivre une journée ou seulement un après-midi avec eux. Interrogez ces personnes de cœur qui viennent en aide aux souffrants et aux marginaux. Vous comprendrez mieux leur essoufflement, mais surtout leur valeur et leur importance pour la population. Peut-être même découvriez-vous que leurs services sont enrichissants et s’adressent à vous ou à vos proches ?

Le communautaire est partout mais on ne le voit pas ! Que ce soit dans les domaines de la santé, de la culture ou de l’éducation, quelqu’un œuvre chaque jour pour améliorer notre qualité de vie et celle de notre environnement ! De même qu’il existe du travail humanitaire à l’international, ici même, dans votre ville, des centaines de travailleurs humanitaires, très souvent bénévoles, ont besoin de notre aide et de notre appui !

Cessons de douter, chers concitoyens, et engageons-nous dans le milieu communautaire : nous contribuerons à créer un monde meilleur, car lorsque le peuple s’implique, les décideurs suivent. On appelle ce phénomène la politique !
 

classé sous : Non classé