Jeannine Chartrand : une curieuse de nature

Nicole Vallée, L’annonceur, Pierreville, le 27 janvier 2010

Prendre rendez-vous avec Jeannine, c’est d’aller à la rencontre d’une mère, d’une éducatrice, d’une leader, d’une femme qui se fait confiance et surtout, qui a confiance dans le potentiel de l’autre. Son discours est émaillé de sentences imagées qui orientent ses prises de position face à la vie et à ses engagements. Pour elle, par exemple, le verre est toujours à moitié plein.

Du lever au coucher, elle ne rate aucune occasion pour refiler à ses proches des principes qu’elle considère comme des assises pour être bien avec soi et avec les autres. « La première personne avec qui vous allez vivre, c’est vous-même. Acceptez-vous tel que vous êtes, vous serez capable d’accepter les autres » est un de ceux-là ; afin de maintenir un sens de l’humour, une bonne humeur et une persévérance à aller de l’avant, elle encourage tout le monde à se regarder dans le miroir et à se répéter : « Je suis belle, je suis bonne, je suis fine, je suis capable ! »
 

La femme de la question

 

Dans la vie, on côtoie deux types de personnes : les gens de la réponse et ceux de la question ; des gens qui pensent posséder toute la vérité, et d’autres qui cherchent toujours à connaître d’autres vérités ; Jeannine appartient à cette dernière catégorie.

Quand son aînée a commencé l’école, c’étaient les premières années de la réforme et, comme elle dit, « personne ne savait trop où on s’en allait ». Curieuse de nature, elle est allée y voir de plus près. C’est à ce moment-là qu’elle s’est impliquée dans le conseil d’établissement qui réunit des parents provenant de trois municipalités : St-Zéphrin-de-Courval, St-Elphège et La Visitation-de-Yamaska. « C’est facile de juger de l’extérieur. Je connais maintenant les réalités de chacune des parties. Plus on est informé, plus on est capable d’expliquer ce qui ne va pas ; plus on est capable de poser des questions pour trouver des pistes de solutions. »

Elle se dit perfectionniste. Ce qui la pousse, en tant que responsable, à bien préparer son argumentaire et à envisager toutes les avenues pour présenter et défendre un dossier. On lui reconnaît un esprit logique voire cartésien. Elle ajoute à ce trait de caractère son penchant pour la transparence et efficacité. C’est une femme d’action qui aime se retrouver avec « des gens qui jouent franc-jeu » et qui suivent les étapes : « Réglons ce qui traîne et nous pourrons passer à autre chose. »

La pomme ne tombant jamais loin de l’arbre, il n’est pas donc surprenant que les enfants veuillent donner un coup de main dans les organisations dont ils font partie. Elle les encourage à s’impliquer, question de vivre une expérience et ce, surtout quand ils hésitent, n’étant pas sûrs de leurs choix. « Je leur dis : Si tu n’aimes pas ça, tu l’auras au moins essayé. Tu auras vérifié ta perception. Comme la nourriture, j’accepte difficilement qu’on dise « Ce n’est pas bon », je préfère « Je n’aime pas ça. »

 

On se concentre

 

Avec quatre enfants dont la majorité aborde l’adolescence, Jeannine prend conscience du temps qu’elle veut leur accorder pour les accompagner dans leurs activités tout en continuant è rencontrer ses engagements bénévoles. Ses réflexions l’amènent à départager les côtés négatifs et positifs du bénévolat. Les capacités de faire des choix dans ses priorités, de se structurer et de mettre ses limites font la différence, pour elle, « entre être occupée et être débordée… sinon tout le monde écope ! » En philosophe elle ajoute : « À un moment donné, la vie finit par te rattraper et te donner une leçon. C’est à toi de saisir le message. Pour continuer longtemps, faut avoir la sagesse de se dire : Je ne vais pas m’éparpiller. On choisit un certain département, une certaine ligne. Si on est partout, on finit par faire tout croche. Moi je me concentre dans les écoles à cause de mes enfants. Je pourrais être le commissaire. Pas maintenant, ça m’éloignerait de mon milieu.
 

« Dans toute personne, il y a quelque chose de bon »

 

Depuis huit ans qu’elle préside et représente des comités, elle en a rencontré du monde différent ! « Le réseautage, c’est fantastique ! » Elle s’est découvert des ressources insoupçonnées en écoutant et en partageant idées et trucs qui, à la longue, sont venus perfectionner ses qualités de leader et surtout, alimenter un grand respect envers les autres. « La capacité d’en être humain, c’est quelque chose à découvrir ! Dans toute personne, il y a quelque chose de bon ».

Empreinte de cette certitude, elle encourage tout le monde à dire son opinion et à s’impliquer dans des projets à la mesure de leurs forces et de leurs compétences. « Quand tu assumes le rôle de présidente d’un comité, il faut que tu considères tout le monde. Y’en a qui ne parlent pas. C’est à toi d’aller les chercher. Je ne donne jamais mon opinion la première. Peut-être que les nouveaux parents veulent autre chose. Ce n’est pas parce que je suis là depuis plus longtemps qu’eux, que tout ce que je dis c’est correct. Je refuse de trancher sur une décision à prendre. Je préfère que les gens s’entendent et fassent le consensus. »

 

Un souhait

 

À la fin de notre échange qui, en fait, fut une suite de réflexions sur des attitudes à travailler pour se sentir bien dans ce qu’on fait, je l’ai amenée à me confier l’un de ses souhaits. Spontanément, il lui est venu au cœur un projet qu’elle chérit depuis quelque temps pour son école, mais qui rencontre, pour le moment, quelques difficultés d’application. Elle aimerait que la population s’ouvre à l’idée d’un bénévolat où les personnes âgées et les enfants en seraient les principaux acteurs. Le temps libre et le désir de transmettre des aînées pourraient tellement être utiles aux plus jeunes. « On a développé de belles technologies, pourquoi on investit moins dans l’humain « Avons-nous oublié l’importance des relations et de l’entraide.

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