Au secours ma maman est une autruche

Marie-Hélène Tremblay, L’Attisée, Saint-Jean-Port-Joli, janvier 2010

Bonjour à toutes ! J’ai décidé d’aborder un thème qui n’est pas nécessairement évident à discuter. Premièrement, parce qu’il peut susciter un bouleversement au niveau de nos valeurs mais aussi parce que cette appellation est questionnable dans un contexte de violence conjugale. J’ai entendu cette expression pour la première fois alors que je travaillais au Palais de justice. À la radio, un annonceur donnait l’information à l’effet qu’une procureure de la couronne partait en croisade contre les mères-autruches. Ma réaction a été de me demander : « c’est quoi ça une mère-autruche ? » J’ai vite fait la déduction et je me suis rendu compte que l’autruche est reconnue pour se cacher la tête dans le sable. Donc, une mère-autruche est une femme qui se ferme les yeux sur les abus dont sont victimes ses propres enfants, tels que la violence physique et les abus sexuels.

J’ai poursuivi ma réflexion en me disant « enfin quelqu’un va finir par prendre ce dossier en mains et punir les femmes qui sont complices de leur conjoint, ces femmes qui voient leurs enfants souffrir sans dire mots et qui ne dénoncent pas l’agresseur de ceux-ci ». Probablement que je n’ai pas été la seule à avoir cette réaction puisque notre société ne tolère pas que nos enfants soient victimes de telles cruautés. C’est impensable de se dire qu’une personne est incapable de dénoncer une situation qui entrainera de nombreuses conséquences dans la vie de son enfant.

Par la suite, je me suis informée sur les dispositions prises par la procureure en question. Me Hélène Carle explique sa croisade dans une entrevue réalisée par Richard Martineau dans l’émission les Francs tireurs. Elle n’en pouvait plus de voir des mères jouer aux pauvres victimes aveugles, elle a décidé de poursuivre ces femmes devant les tribunaux en vertu de l’article 21 du Code criminel. Cet article dit trois choses :

Participe à une infraction :

a) quiconque le comment réellement

b) quiconque accomplit ou OMET d’accomplir quelque chose en vue d’aider quelqu’un à la commettre

c) quiconque encourage quelqu’un à la commettre

Selon Me Carle les mères autruches sont coupables de complicité par omission. Elle devra prouver hors de tout doute qu’une mère n’a rien fait pour protéger son enfant même si elle savait ce qui se passait. Si elle réussissait, la cause en question pourrait faire jurisprudence et ainsi permettre à d’autres procureurs d’utiliser cet exemple.

Pour terminer ma réflexion sur cette question, je dois dire que je côtoie des femmes victimes de violence conjugale je comprends les motivations telles que la peur, le sentiment d’impuissance et la non-connaissance des ressources qui peuvent être des barrières les empêchant de dénoncer. Mais je ne peux m’empêcher de croire qu’un enfant doit être protégé contre des situations d’abus et que sa mère doit être capable d’accomplir cette tâche.
 

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