Sylvie Dupont, Contact, Témiscaming, le 10 juin 2009
C’est en scandant à l’unisson « Wake up Harper, Harper réveille » qu’environ 3 000 manifestants venus d’un océan à l’autre, ont fait entendre haut et fort au gouvernement Harper leur ras-le-bol de la situation qui affecte l’industrie forestière. De la Colombie- Britannique à Terre-Neuve, du Québec à l’Ontario, le discours était unanime car les travailleurs en ont assez de voir dépérir une industrie qui a largement contribué à l’essor du Canada et à son rayonnement à travers le monde.
Organisée par le Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier (SCEP), la manifestation regroupait des délégués syndicaux, des travailleurs et des retraités de l’industrie forestière ainsi que des sympathisants venus les appuyer dans leurs revendications. Les autobus arrivaient par dizaine devant les bureaux de la ministre des Ressources naturelles du Canada, Lisa Raitt. D’ailleurs, une délégation de vingt-cinq personnes de Témiscaming s’est rendue à Ottawa à bord de l’autobus prêté par l’organisation des Royals Junior A.
Avant d’entreprendre une marche de quatre kilomètres à travers les rues de la capitale nationale, les dirigeants syndicaux ont soulevé l’ardeur des troupes en prononçant des discours enflammés. Parmi eux, le président du SCEP de l’Ontario David Coles a déclaré avoir eu des entretiens avec le premier ministre Harper sans toutefois parvenir à le convaincre d’agir : « Nous avons perdu 55 000 emplois en forêt et, pendant une de nos conversations, le premier ministre Harper m’a dit qu’il fallait se rendre à l’évidence que notre industrie était en déclin. Il me proposait comme solution d’envoyer nos travailleurs à Fort McMurray. Il devrait avoir honte car notre industrie n’est pas morte. Elle est en restructuration et les forestiers méritent un meilleur traitement de la part du gouvernement », s’est-il indigné.
Pour sa part, le président de la FTQ Construction, Michel Arsenault, a blâmé le gouvernement Harper de trop tarder à réagir : « Il y a 9 000 retraités de l’industrie présentement au Québec dont 7 500 sont actifs et le fond de retraite est en manque de 1 400 000 millions de dollars », s’est-il inquiété. Un dirigeant syndical de la Colombie-Britannique a parlé ce qui se vit dans sa province qui est très éprouvée : « Des familles perdent leurs maisons, des villes et villages se vident et les banques alimentaires ont peine à fournir à la demande », a-t-il déclaré. Quant au secrétaire-trésorier du Congrès du travail du Canada (CTC), Hassan Yussuf, il est allé jusqu’à faire planer la menace de désobéissance civile pour réveiller le gouvernement Harper.
La marche de protestation s’est terminée devant l’édifice Langevin situé tout près du parlement où les protestataires étaient attendus par les chefs de l’opposition Gilles Duceppe (BQ) et Jack Layton (NPD). Tous deux se sont ralliés aux travailleurs et ont saisi l’occasion pour blâmer le Parti Libéral qui n’a pas encore pris position contre le gouvernement Harper dans ce dossier. Seul le député libéral Denis Coderre aurait manifesté son appui la journée même aux organisateurs.
Ce n’est pas d’hier que l’industrie forestière demande une aide accrue du gouvernement canadien sans obtenir gain de cause. En tant que ville mono-industrielle, notre municipalité se trouve elle-même au cœur de la tourmente. La compagnie Commonwealth Plywood a cessé d’opérer en 2006 et la papetière Tembec a dû procedé à la recapitalisation de ses opérations, en février 2008, pour surmonter la crise. Si le gouvernement Harper ne bouge pas, les syndicats entendent bien accentuer les moyens de pression. Un été chaud en perspective !