Anne-Marie Auclair, l'artiste de tous les projets

Virginie Dukers, Ici Brompton, Sherbrooke, janvier-février 2025

Vous la croisez souvent, mais vous ne la connaissez peut-être pas encore vraiment. Anne-Marie Auclair, artiste peintre, est bien plus qu’une simple créatrice d’images sur toile. Derrière ses pinceaux se cache une femme passionnée, engagée et profondément humaine, qui fait partie intégrante du paysage culturel et communautaire de Brompton.

Impliquée depuis les tout débuts de l’Ancienne Forge, notamment dans la décoration de l’endroit, c’était à son tour d’y prendre place afin de partager la joie dans sa plus récente exposition intitulée « Ludique », nous offrant une immersion dans l’univers de son quotidien et celui de ses proches. C’est un voyage tout en couleur dont les personnages sont inspirés des personnes dans sa vie : Lisette Lahaie, Micheline Vaillancourt, Maryse Duplessis, ses enfants, sa famille, ses tantes, mais aussi ses voisines, qu’elle n’a parfois même jamais côtoyées. Plusieurs tableaux mettent en scène ses enfants qui s’impliquent souvent dans ses multiples projets. Du restaurant Le Principal au Iga, en passant par le Parc Nault, Anne-Marie puise dans son environnement immédiat pour capturer les scènes de la vie ordinaire. Ses œuvres sont comme des fenêtres ouvertes sur le village de Brompton, un monde à la fois familier et inspirant qu’elle partage avec tendresse.

Née à Cleveland, Anne-Marie a déménagé à Brompton en 2006 avec son conjoint, Alexandre Lépine, natif du village. Ce changement de décor a été l’occasion pour elle de se réinventer en tant qu’artiste. L’art naïf, qu’elle a découvert il y a une vingtaine d’années, a profondément marqué son travail, développant son goût pour les aplats de couleurs vives, les détails minutieux et les composit ions décalées, entre humour et affection. Si vous observez ses toiles de près, vous remarquerez que certains détails se répètent d’une scène à l’autre : sacs de chips (symbole des fêtes de famille et de la tentation), les cafés qui rassemblent, les chapeaux de poils d’une autre époque, les femmes aux grosses fesses et aux petits pieds. Lorsque l’artiste nous raconte ses œuvres, on sent tout l’amour qu’elle leur porte et elle espère que leurs nouveaux acquéreurs en feront tout autant.

Maintenant installée dans le jubé de « Chez Praxède, espace collectif multifonctionnel de Brompton », elle vous reçoit dans son atelier pour partager sa passion. C’est également à cet endroit qu’elle a participé à la Grande Virée Artistique 2024, pour une première fois en solo dans son atelier. Un plaisir qu’elle se promet de renouveler.

Très impliquée dans divers projets communautaires, tels que la Maison des jeunes, les périodes « peps » de l’école secondaire de Brompton, Chez Praxède, le Marché de Noël, ainsi qu’à la coordination de votre bien-aimé Journal, Anne-Marie a parfois le sentiment de perdre de vue sa propre passion. Elle donne sans compter, mais se promet de trouver les moyens de se recentrer sur son art afin de reprendre ses créations.

D’abord étudiante en infographie au Centre 24 juin, elle garde un grand intérêt pour les arts et se forme au fil du temps pour réaliser sa toute première exposition à la Maison des arts et de la culture en 2009.

À la question « Pourquoi peins-tu? », l’artiste répond que cela lui permet un certain détachement de la société, une sorte de méditation qui la rend plus forte. C’est aussi l’expression d’une nostalgie envers ses souvenirs d’enfance, les partys familiaux, les rassemblements, la vie de village. Car Anne-Marie est également une conteuse qui connaît l’histoire de Brompton sur le bout des doigts.

Parmi ses multiples talents, on retrouve également son souhait de donner une deuxième vie aux objets du quotidien, comme les bouchons de liège et les ampoules usagées, qu’elle transforme en décorations originales et uniques.

En tant qu’artiste engagée, Anne-Marie n’oublie jamais que l’achat d’une œuvre est bien plus qu’une simple transaction. « Quand vous achetez quelque chose d’un artiste, pensez que c’est son gagne-pain. Le prix comprend tout le travail en amont, c’est une partie de lui-même, un achat local, un investissement à long terme », rappelle-t-elle.