La MRC avait organisé, le 20 juin dernier à Windsor, une séance d’information publique. Des dizaines de citoyens et des élus du Val-Saint-François ont ainsi pu poser des questions au préfet, aux représentants de la MRC et d’Hydro-Québec. Des entreprises et organisations tenaient aussi des stands d’information. (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

La MRC veut encadrer l’implantation d’éoliennes dans le Val

Sébastien Michon, Le Val-Ouest, Valcourt, juillet 2024

« Mieux vaut prévenir que guérir », dit l’adage. C’est justement la position de la MRC du Val-Saint-François vis-à-vis de la production, sur son territoire, d’électricité par des éoliennes ou d’autres sources d’énergies renouvelables. En mars dernier, les élus de la région ont exprimé leur volonté de bien comprendre les enjeux. C’est pourquoi la MRC vient de démarrer une vaste réflexion qui s’étendra jusqu’à février 2025. L’objectif : mieux encadrer les conditions d’implantation d’éventuels projets.

« Définir nous-mêmes les conditions favorables »

L’ensemble de cette démarche s’est mis publiquement en branle le 20 juin dernier lors d’une séance d’information publique qui avait lieu à Windsor. «Nous souhaitons nous informer pour prendre ensuite des décisions éclairées. Et définir par nous-mêmes les conditions favorables pour notre territoire», indique le préfet de la MRC du Val-Saint-François et maire de Valcourt, Pierre Tétrault.

Lors de cette activité, des dizaines de citoyens et plusieurs élus ont pu poser leurs questions à la MRC ainsi qu’à des représentants d’Hydro-Québec et d’autres acteurs des énergies renouvelables.

Aucun projet actuellement dans le Val

Certains citoyens ont ainsi pu exprimer leurs inquiétudes vis-à-vis de l’implantation de projets éoliens. Se demandant si des projets ne seraient pas décidés derrière des portes closes, comme ça a été le cas à Salaberry-de-Valleyfield à l’été 2023. Le préfet et la directrice générale de la MRC, Geneviève Giasson, ont été très clairs : le processus est empreint de transparence. « Des promoteurs ont un intérêt possible. Mais actuellement, il n’y a aucun projet déposé », assure Pierre Tétrault.

Ce qui est confirmé par le fait que parmi les huit projets éoliens choisis par Hydro-Québec, à la suite de son appel d’offres de 2023, aucun ne verra le jour dans le Val-Saint-François. Bien que le Val faisait au départ parti des territoires potentiellement visés par l’appel d’offres.

Ce qui soulage la MRC. Qui peut ainsi se donner un temps de réflexion avant la prochaine série d’appels d’offres qui pourraient peut-être à nouveau viser la région.

Proactif plutôt que réactif

Une façon de faire qui se veut proactive plutôt que réactive, souligne Pierre Tétrault. « Nous ne sommes pas en train de réagir devant un promoteur de projet éolien ou autre. Au contraire, nous nous préparons en amont pour de futurs projets. »

« C’est un grand défi, parce que c’est important. L’ensemble du territoire du Val-Saint-François est potentiellement impliqué dans la transition énergétique et pourrait être l’hôte de projets, s’il y en a qui se développent », fait savoir de son côté Geneviève Giasson.

Une réflexion de plusieurs mois

Une vaste réflexion sur la production d’énergie dans le Val se met donc en branle. Un chantier qui mobilisera plusieurs personnes au cours des prochains mois. D’abord neuf élus du Val, qui composent un comité directeur mandaté par le conseil de la MRC. Il s’agit de : Jacques David (Bonsecours), Herman Herbers (Cleveland), James Johnston (Canton de Melbourne), Mario Côté (Racine), Daniel Veilleux (Saint-Denis-de-Brompton), Adam Rousseau (Saint-François-Xavier-de-Brompton), Hervé Provencher (Saint-Claude), Rolland Camiré (Val-Joli) et Pierre Tétrault (Valcourt et préfet de la MRC).

À cela s’ajoute quatre « cellules » (comités) qui travailleront en mode collaboratif. Le fruit de leur travail permettra la rédaction d’un guide qui devrait être publié vers février 2025.

Ce guide précisera la position de la MRC du Val-Saint-François. On y trouvera aussi les conditions techniques et lignes de conduite que devra suivre un promoteur qui voudrait s’établir dans le Val. À terme, ces balises se retrouveront aussi dans le schéma d’aménagement de la MRC et possiblement dans les réglementations municipales.

Un guide « transparent, clair et accessible »

« Nous cherchons à avoir un outil transparent, clair et accessible à tout le monde. Chaque cellule fera avancer les choses pour arriver à produire la réflexion, obtenir la connaissance et avoir accès aux contenus nécessaires pour rédiger le guide. Nous avons choisi cette formule plutôt qu’un grand comité. Ce qui sera beaucoup plus agile », explique Geneviève Giasson.

Ces comités sont composés de représentants de municipalités et de membres de l’équipe de la MRC. Auxquels s’ajouteront, de façon ponctuelle, des experts et intervenants du milieu. Par exemple des productrices ou producteurs agricoles de la région.

« Nous irons chercher de la connaissance et de la compréhension. D’une part, dans le but de s’informer. Et, d’autre part, pour établir les conditions qui feraient en sorte qu’un projet pourrait bien s’intégrer dans la communauté », mentionne Geneviève Giasson.

Chacune de ces cellules travaillera sur un thème différent : les conditions d’intégration, la gestion de projet et les retombées. À ces trois comités, liés à la rédaction du guide, s’en ajoute un quatrième, sur la communication entourant toute cette démarche. Ce qui permettra aux citoyens et aux élus de s’informer en continu par le biais de la section « Énergies renouvelables » du site Web de la MRC.

« Désormais, nous nous mettons en branle »

Tous ces comités tiennent leurs premières rencontres cet été. Pour ensuite débuter plus activement leurs travaux à l’automne. «La séance d’information du 20 juin, c’était le point de départ. Désormais, nous nous mettons en branle», indique Geneviève Giasson.

Hydro-Québec salue cette façon de faire

Les représentants d’Hydro-Québec, présents à la séance d’information du 20 juin, ont d’ailleurs salué cette façon de faire du Val-Saint-François. Une approche qui n’a pas été celle, par exemple, de la MRC de Coaticook. Où les citoyens se disent mal informés de la démarche d’implantation d’éoliennes.

« Les gens n’avaient jamais eu une rencontre comme celle du Val-Saint-François. Les élus de Coaticook expliquaient aux citoyens pourquoi ils avaient dit oui et pourquoi ils ne les avaient pas rencontrés avant. La dynamique de votre région, c’est vraiment autre chose. Parce que rien n’a encore été fait », souligne Sébastien Martineau, conseiller en relations avec le milieu chez Hydro-Québec.

Éoliennes : un cadre normatif depuis 2007

La MRC n’amorce pas tous ces travaux à partir de zéro. La MRC s’est donnée, en 2007, un cadre réglementaire pour encadrer les projets éoliens. « En 2007, nous étions aux tout débuts du développement éolien. Ça se passait surtout dans le Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie. Nous nous étions fait un peu surprendre par un projet qui visait le Val-Saint-François. Le projet n’a pas eu lieu. Mais ça nous a permis d’amorcer cette réflexion. Et d’en arriver à un premier cadre normatif pour régir l’implantation », explique Karine Bonneville, directrice de l’Aménagement et de la gestion du territoire.

Ce cadre de 2007, toujours en vigueur, vise à encadrer les éléments jugés essentiels pour une bonne cohabitation avec les éoliennes. De même que pour protéger le paysage et l’environnement. « Nous étions plus sévères que d’autres MRC. Entre autres pour la protection des cours d’eau et des milieux humides », précise Karine Bonneville.

Quelques années plus tard, ce même cadre réglementaire a été intégré au schéma d’aménagement. Ce qui fait que, par la suite, l’ensemble des municipalités l’ont intégré à leurs règlements d’urbanisme. Certaines municipalités ont même décidé d’être plus sévères. Comme c’est le cas de Stoke, qui a souhaité exclure les monts Stoke de tout développement éolien.

« Nous ne voulons pas subir les projets »

«La MRC est intéressée à contribuer à la transition énergétique du Québec. Mais de manière réfléchie et adaptée à notre réalité. Nous ne voulons pas subir les projets, mais en être les partenaires actifs. Selon nos conditions», marque Pierre Tétrault.

Télédiffusion de la rencontre

L’équipe de la télé communautaire, TVME, était sur place pour filmer la rencontre.