Bibliothèque et Archives nationales du Québec numérique Notice 0004197087. Immeuble démoli, année inconnue (années ’40?)

«Destruction accidentelle », Domaine de l’Estérel

Benoît Guérin, Journal des citoyens, Prevost, Juin 2022

 

Le 13 mai dernier, l’édifice du centre commercial du Domaine de l’Estérel de style Art-Déco pourtant protégé comme immeuble patrimonial a été démoli.

L’édifice faisait partie d’un lieu de villégiature construit dans les années ’30 pour le Baron Louis Empain, un riche belge, selon des plans et dessins de l’architecte Antoine Courtens. À l’origine, le domaine de l’Estérel était constitué de plusieurs bâtiments touristiques comme un hôtel, un centre de ski, des écuries et du centre commercial, probablement le premier construit au Canada. Le centre commercial doté à l’origine d’une pompe à essence était le dernier édifice qui subsistait sur le site et qui représentait une grande valeur architecturale et patrimoniale.

Les réactions sont nombreuses. Tant au niveau local, régional que provincial, tous se sont dits peinés du sort réservé à ce joyau architectural. Tant Archives Histoire Laurentides, Docomomo, Action Patrimoine et la municipalité de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson demandent que la lumière soit faite sur la démolition illégale du bâtiment et qu’à la suite de cette enquête on demande au ministère de la Culture d’agir de façon exemplaire dans ce dossier. La ministre de la Culture a demandé une enquête sur les circonstances de cette démolition.

Olymbec, le propriétaire des lieux a offert aux autorités sa pleine collaboration pour faire la lumière sur cet événement surtout que, par communiqué, il qualifie la démolition involontaire et accidentelle, désignant un sous-contractant comme responsable. Celui-ci n’aurait pas respecté les directives pourtant claires. Olymbec affirme clairement qu’elle fera tout en son possible pour réparer au mieux ce qui inclut la reconstruction du bâtiment patrimonial dans le cadre de son futur projet de redéveloppement

Une pétition citoyenne de trois mille noms réclame la reconstruction à l’identique une fois que la lumière sera faite sur les causes, circonstances et responsabilité de cette démolition.

Cette démolition est symptomatique du peu de cas que nous faisons de notre patrimoine bâti, qu’il soit protégé ou non. Histoire Archives Laurentides souligne d’ailleurs que la protection du patrimoine est devenue un enjeu fragile et requiert une constante vigilance. Elle invite les décideurs et citoyens à prendre conscience de l’importance de sauvegarder les bâtiments qui témoignent de notre passé, et les implore de demeurer aux aguets pour éviter la répétition de situations aussi désolantes.

Rappelons qu’à Prévost au fil du temps un certain nombre de bâtiments anciens sont disparus ou dont l’état s’est détérioré laissant craindre pour leur avenir.