Oriana et ses parents. Photo : Nathalia Guerrero Vélez

Orian Familiar : De Mexico à Cowansville, le grand écart

Nathalia Guerrero Vélez, Le Saint-Armand, Armandie, Septembre 2022

 

Arrivée à Montréal en 2002 dans le but de compléter un baccalauréat en agriculture et sciences de l’environnement à l’université McGill, Oriana Familiar se dit heureuse d’avoir pu suivre un programme qui, à l’époque, n’existait pas à Mexico, sa ville natale.

En 2006 elle obtient son diplôme et, plutôt que de retourner au Mexique, où ses parents l’attendent, elle choisit de rester au Québec afin de mettre en pratique ses apprentissages. Elle occupera éventuellement le poste de technicienne en gestion des matières résiduelles de la ville de Côte Saint-Luc. Consciente de l’importance du recyclage, elle fera du porte à porte afin de sensibiliser la population à cet enjeu. « Je me faisais appeler madame poubelle, la plus belle des poubelles, raconte-t-elle en riant. J’ai toujours aimé les déchets et la récupération. »

Elle garde un souvenir vivace de ce travail, qui lui permettra de rencontrer un grand nombre de survivants de l’holocauste. « Je croyais que je pouvais leur apprendre quelque chose sur le recyclage et la récupération mais, en fait, j’ai appris davantage d’eux car, pendant la guerre, il leur a fallu maximiser l’utilisation des objets matériels et des aliments. »

Elle prendra ensuite du galon et assurera la responsabilité des collectes des résidus de toute la ville. Certains de ses collègues n’appréciant pas le fait qu’on lui ait accordé cette promotion, elle sera malheureusement victime de racisme et d’intimidation. Qu’à cela ne tienne, elle s’inscrira au programme de maitrise en gestion de l’environnement de l’Université de Sherbrooke. « Le programme m’intéressait beaucoup car il était centré sur le côté humain et la gestion de projet » explique-t-elle.

En 2013, elle découvre notre région grâce à un stage de fin d’études qu’elle effectue au Centre local de développement de Brome-Missisquoi. Elle s’y trouve si bien et le personnel du CLD y trouve tellement son compte que, subvention aidant, on lui propose de rester. « Pendant mon stage j’ai fait le premier plan stratégique du CLD, souligne-t-elle. Avec la subvention, on m’a proposé de développer le guide d’implémentation de ce plan. ». C’est ainsi que, en 2014, elle devient conseillère en développement durable pour le CLD et s’installe dans le coin pour de bon.

Elle contribuera ensuite à créer un nouveau service en gestion environnementale à la MRC et en deviendra la coordonnatrice. Développement durable, gestion des résidus et économie circulaire en constituent les trois piliers. « Certains croient que les immigrants viennent voler leurs emplois, déplore-t-elle, mais ce n’est pas le cas. Avec ce programme, j’ai réussi à créer des emplois et des stages pour des étudiants à la maîtrise… Nous sommes ici pour créer et contribuer. »

Au cours des dernières années, elle a également entrepris des démarches dans le but de parrainer ses parents afin qu’ils deviennent résidents permanents du Canada et puissent ainsi voir grandir Théo, son garçon de 5 ans. « J’admire énormément mes parents qui, à 70 et 72 ans, sont prêts à s’installer ici et à tout recommencer à zéro » me confie-t-elle à la fin de notre rencontre.