Dessin: Marc Boutin, septembre 2020, archives DDP

Le tramway de Québec : je me questionne

Nicole Moreau, Droit de parole, Québec, décembre 2021

J’ai toujours été une partisane du tramway. Je me souviens avoir déjà écrit des textes en sa faveur. J’utilise les services de transport en commun depuis mon tout jeune âge. Toutefois, pour ce qui est du projet actuel de tramway, comme pour tous les projets, il y a une grande différence entre la théorie et la pratique; c’est comme ça pour tout dans la vie.

Le projet sur la table actuellement soulève pour moi des questions sérieuses.

Le tramway est supposé passer sur une plate-forme surélevée qui divisera les quartiers en deux, empêchant de tourner à gauche sur René-Lévesque dans la plupart des intersections. Pour les piétons, il faudra marcher plusieurs coins de rue avant de passer du Nord au Sud ou l’inverse, ce qui pourrait, pour certains groupes (personnes âgées, personnes handicapées, jeunes parents avec poussette) représenter un sérieux obstacle, d’autant plus que, faut-il le rappeler, tous les ans nous devons vivre avec l’hiver, le verglas, de plus en plus présents.

Le présent projet comporte des coupes d’arbres matures en nombre important. C’est vrai que des promesses ont été faites à l’effet de planter deux arbres pour chaque arbre abattu, mais dans une aire de 800 mètres, donc pas nécessairement à proximité de l’endroit qui a vu disparaître des arbres dont le diamètre peut atteindre un mètre avec la canopée importante qui y est associée, des arbres qui garantissent une grande qualité de vie aux gens qui vivent sur cette artère. Il est difficile de penser comparer avec la contribution des jeunes arbres de quelques centimètres de diamètre.

Enfin, le tramway a été pensé avec l’épisode pandémie qui a mené au travail à distance pour le plus grand nombre; celui-ci est là pour rester, les besoins sont sans doute maintenant différents de ce qui avait été diagnostiqué il y a quelques années. Il serait sans doute pertinent de revoir cette analyse pour mieux ajuster le projet.

Enfin, le montant de 600 millions de dollars additionnels au budget déjà important de 3,3 milliards me semble inquiétant alors que les travaux physiques ne sont même pas commencés. Je présume que les mois d’attente de la permission par le gouvernement du Québec représentent un facteur d’explication, mais j’ai bien l’impression que la Ville de Québec devra « faire avec » si l’on songe qu’il va falloir, comme tous les Québécois, participer au financement de la dette Covid.

Mes questions rejoignent, j’en suis persuadée, celles de nombreux citoyens de la Ville de Québec. Nous avons besoin de réponses claires en lesquelles nous pourrons avoir confiance sans crainte que les engagements changeront au gré de circonstances plus ou moins nébuleuses.

Sans réponses claires, je pense bien que je pourrais faire partie de ceux et celles pour qui le tramway n’est pas une priorité.