Saccage au Vieux-Montréal

Vincent Di Candido, Échos Montréal, juin 2021

Depuis plusieurs années, le Quartier historique défraie ponctuellement les manchettes pour divers incidents d’agression qui y surviennent, allant des voies de faits aux actes de vandalisme, en passant par les batailles et le trouble de l’ordre public, et même jusqu’au meurtre et aux rixes entre bandes criminelles rivales. On se remémore aussi les saccages de vitrines qui ont eu lieu pas plus tard qu’en avril dernier, lors d’une prétendument pacifique manifestation contre les mesures sanitaires sur la Place Jacques-Cartier.

Plusieurs gens d’affaires et résidents du Vieux-Montréal ont dû avoir cela en tête lors de la dernière fin de semaine du mois de mai, alors que deux journées de suite s’y sont déroulés de nouveaux incidents, essentiellement au Vieux-Port et sur la Place Jacques-Cartier ainsi que sur la rue Gosford, dans ce qui se voulait supposément à la base une célébration festive du récent relâchement des consignes sanitaires et le début d’un déconfinement prudent.

Nonobstant le fait que ces rassemblements n’avaient en soi rien de prudent – aucune distanciation physique et port du masque pratiquement inexistant – ils ont aussi au final mené à divers exemples de saccage, à l’utilisation non autorisée et dangereuses de feux d’artifices en plein milieu de la foule, et même à des blessures alors qu’une jeune femme a été atteinte par une balle et qu’un jeune homme a été poignardé, et que plusieurs coups de feu furent par ailleurs tirés sur la rue Gosford.

Les fêtards sauvages s’en sont ainsi donnés à cœur joie devant la présence peu nombreuse des policiers sur place. En plus des directives absurdes balisant les interventions des agent(e)s SPVM, ceux/celles-ci n’ont pratiquement émis aucune contravention, incitant les fêtards les plus perturbateurs et autres anarchistes de pacotille à recommencer pendant toute la fin de semaine, non seulement dans les parcs mais aussi dans tous les lieux publics rassembleurs.

Encore une fois on n’a pu que constater l’inefficacité d’une police qui est presque absente en temps réel et n’agit qu’après coup. Il n’est pas question ici de jeter la pierre aux policier(ère)s car leur mollesse récurrente à intervenir et à pénaliser les contrevenants aux lois et aux directives de la Santé publique est plutôt tributaire des instructions qu’ils/elles reçoivent en haut-lieu, comme cela fut fréquemment avoué en privé par des membres du SPVM. De même, prétexter candidement que l’on prône la prévention plutôt que l’intervention sonne plutôt comme un slogan creux et n’est ultimement qu’un signe de faiblesse, comme démontré à moult reprises du 28 au 31 mai, avec tous ces nombreux rassemblements illégaux dans les parcs et lieux achalandés et où par ailleurs l’alcool coulait à flots.

Dans le quartier historique du Vieux-Montréal, on travaille très fort depuis une trentaine d’années chez les organismes commerçants, gens d’affaires et résidents, pour mettre en place des incitatifs touristiques et de mise en valeur convivial de ce magnifique quartier. Il est fâchant de voir ces efforts constamment gâchés par des événements de ce genre, jumelés à un manque chronique de présence des forces de l’ordre de façon continuelle et en nombre suffisant.

Il ne faut pas se leurrer, c’est l’inaction politique qui a laissé place depuis des années a des événements de grabuge et de violence, au développement du banditisme et à la présence de vendeurs de stupéfiants dans le secteur. Rappelons-nous d’ailleurs qu’à l’époque avant-pandémie, la rue Saint-Jacques paraissait être en train de devenir un de leurs lieux de prédilection avec des bagarres ponctuelles et même des meurtres.

En attendant, il est particulièrement frustrant pour les commerçants et les gens du Vieux d’assister impuissants à cette pléthore cyclique d’incidents violents, alors que ceux-ci seraient parfaitement évitables. Il n’est pas normal que les gens aient maintenant un réflexe de peur à l’idée de s’y promener le soir. L’ennui, c’est que ce n’est certes pas avec de l’angélisme et du narcissisme «Woke» qu’on pourra réprimer ces irresponsables.

Au risque de déplaire à certains, on ajoutera aussi que dans ces foules de manifestants se retrouvent majoritairement des jeunes, souvent ces mêmes personnes qui sur les médias sociaux se déchirent la chemise sur le dos pour décrier avec véhémence les incuries environnementales et climatiques, mais qui ne semblent pas avoir envie d’appliquer ce qu’ils/elles prêchent à tous vents quand on constate à quel point leurs rassemblements citoyens se conjuguent quotidiennement par rien de moins que du «cochonnage»  de l’espace public, avec des tonnes de détritus et de déchets laissés par terre.

Au final, il faut plus que des interventions mièvres des autorités en place. Cette réalité, beaucoup des grandes villes en Europe l’ont comprise en plaçant des policiers dans les lieux de prédilection de ce banditisme et des anachistes. Or, la preuve y a été faite maintes fois de l’efficacité d’utiliser un peu plus de fermeté, notamment via les pénalités imposées aux fanatiques covidiots, qui ont partout grandement contribué, chiffres à l’appui, à calmer la stupidité collective.

Un changement de fonctionnement doit s’opérer dans les forces de l’ordre avec de la prévention en amont et une présence réelle avant les incidents et non pas une fois que ces irritants sont survenus. Car des restaurateurs comme ceux de la Place Jacques Cartier ont déjà bien assez souffert des affres de la pandémie sans leur ajouter en plus le stress de la peur et des dommages financiers causés par la destruction de leurs biens et de leurs chiffres d’affaires.