Les enseignants de l’école Sophie-Barat. Photo: Éloi Fournier

École Sophie-Barat: Manger sur l’asphalte, contre la délocalisation

Éloi Fournier, Journaldesvoisins.com, Ahuntsic-Cartierville, le 2 juin 2021

 

Des parents d’élèves ainsi que des membres du personnel de l’école Sophie-Barat ont décidé de passer leur message au beau milieu du boulevard Gouin, mardi midi, devant le bâtiment principal de l’école, alors que la situation de l’établissement scolaire que fréquentent leurs enfants ne s’améliore pas.

Les nuages gris avaient été remplacés par un temps ensoleillé au début de l’heure de dîner des élèves de l’école Sophie-Barat mais, de toute manière, les gens présents n’avaient pas peur de se mouiller.

« Tout ce qu’on veut, ce sont des locaux pour nos élèves, mais personne ne nous entend », déclare Nathalie Lavigueur, enseignante de français. « On a 106 M$ pour la réfection de l’école, mais il n’y a pas de plan! »

Depuis l’an dernier, la grogne se fait sentir chez tous ceux qui sont affectés par les rénovations de grande envergure ayant lieu à l’école Sophie-Barat. Déjà, l’an dernier, la décision de déménager une vingtaine de classes du premier cycle à l’école St. Dorothy, dans le quartier Saint-Michel, était loin de faire l’unanimité.

 

Se débrouiller pour le transport

Le trajet de plus de cinq kilomètres entre les deux écoles inquiétait beaucoup les parents, forçant le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) à ajouter des navettes pour les élèves délocalisés. Cependant, la semaine dernière, les parents ont appris que ces navettes ne seraient plus en fonction l’an prochain.

« La mise en place de navettes était une mesure exceptionnelle et temporaire afin de répondre à une situation de délocalisation d’urgence de certains élèves de l’école Sophie-Barat. Cette solution temporaire avait été rendue possible grâce à la disponibilité des autobus de la STM due à la baisse de l’achalandage dans les transports collectifs en période de pandémie. La Politique d’admission et de transport du CSSDM ne prévoit pas de transport scolaire pour les élèves des écoles secondaires », a soulevé Alain Perron, responsable des relations de presse du CSSDM.

Cette explication n’a cependant pas convaincu parents, élèves et enseignants, ce qui explique pourquoi ils ont décidé de dîner à même la chaussée afin de se faire entendre. Pour bien des gens touchés par la délocalisation des classes du premier cycle (secondaire 1 et 2) régulier, le retrait des navettes est un non-sens.

« C’est révoltant, parce qu’ils l’ont dit la semaine passée seulement. Les parents comptaient sur les navettes et maintenant, ils ne peuvent pas envoyer leurs enfants ailleurs… Le mal est déjà fait », souligne l’enseignante d’anglais Vicky Blumenthal.

Les enseignants de l’école dénoncent aussi l’inflexibilité des politiques du CSSDM. Selon eux, si plusieurs établissements sont dans une situation aussi précaire que l’école Sophie-Barat, le CSSDM devrait débloquer un budget pour fournir des navettes.

Du côté des jeunes élèves, la situation est assez inquiétante. Plusieurs d’entre eux doivent se coordonner avec deux lignes d’autobus afin d’arriver à l’école à temps, et le trajet à la maison devient aussi beaucoup plus long.

« En prenant en compte l’étude, quand est-ce que nos jeunes vont trouver le temps se reposer et s’amuser? » déplore Nathalie Lavigueur.

Le CSSDM travaille avec la STM afin d’améliorer le service des lignes 69 et 67, mais ces démarches sont très peu satisfaisantes aux yeux des parents, des élèves et des enseignants.

 

Une école surpeuplée

Le pavillon principal (ou la maison-mère) de l’école Sophie-Barat ne compte pas de cafétéria depuis la fermeture d’urgence de l’aile A, l’an dernier.

« En attendant que les travaux se terminent, dont les aménagements prévoient une nouvelle cafétéria, nous examinons différentes solutions à court terme pour offrir des espaces aux élèves pour les dîners », a mentionné Alain Perron, du CSSDM.

Cependant, les enseignants présents mardi ont expliqué au JDV que le plan actuel impliquait un chapiteau chauffé sur le terrain de l’école dès l’an prochain, une solution qui est loin d’enchanter ceux qui fréquentent l’école.

« En ce moment, on peut manger dehors et tout est beau, mais durant l’hiver, on manque beaucoup d’espace. Durant une année normale, plusieurs élèves mangent dans les corridors », souligne Louis Mercier, président du conseil des élèves de l’école Sophie-Barat.

Étant donné que les écoles primaires du secteur sont elles-mêmes surpeuplées et que Sophie-Barat est la seule école secondaire publique dans Ahuntsic, il n’est pas surprenant que le manque d’espace se fasse sentir.

 

Avenir incertain

 

L’hiver dernier, le conseil d’établissement s’inquiétait de ce qu’il adviendrait des rentrées scolaires à partir de 2022, étant donné que le bail du CSSDM à l’école St. Dorothy n’était que d’une durée de deux ans.

Encore aujourd’hui, rien n’a été confirmé de ce côté. Une future école primaire sur la rue Sauvé est considérée, mais il ne s’agit pas d’un scénario idéal. « La grosseur des locaux fait une grosse différence », croit l’enseignant d’éducation physique Martin Verrette. « Les pupitres, les chaises, la hauteur des tableaux… Tout est différent. »

Du côté de la réfection à venir dans la maison-mère, la chargée de projet du CSSDM a démissionné en mai. Il s’agit donc d’un retour à la case départ, ce qui n’aidera pas le respect de l’échéancier des travaux.

Beaucoup reste donc à régler dans ce dossier qui ne cesse d’évoluer!