« Les gens communiquent beaucoup. Ils m’écrivent en privé tout le temps; c’est pas mal toujours positif. Beaucoup de gens me disent merci de les aider. Mes émotions passent dans mes spectacles; si je pleure, je pleure! Des fois, je suis gêné. Mais c’est ça », raconte Ronnie Leblanc. Il a reçu des messages d’auditeurs des Maritimes, d’ailleurs au Québec, d’Ontario, d’Alberta et même d’Europe. Photo : Gilles Gagné

Ronnie Leblanc, le Damien Robitaille de la Gaspésie

Gilles Gagné, Graffici, Gaspésie, avril 2021

Depuis le début de la pandémie, le guitariste et chanteur Ronnie Leblanc de New Richmond, offre des spectacles gratuits sur Facebook et YouTube Live, tous les matins, de 8 h à 9 h, du lundi au vendredi inclusivement. Au 1er avril, il en était à son 289e spectacle, et il comptait alors en présenter 76 autres avant de décider, après 365 prestations, s’il continue.

Comme le Franco-Ontarien Damien Robitaille, qui présente des spectacles à partir de chez lui depuis un an, Ronnie Leblanc s’est mis à l’œuvre le 7 mars 2020, pour alléger l’atmosphère sombre affectant bien des gens, même si l’état d’alerte n’avait pas encore été décrété par le gouvernement du Québec.

« J’ai commencé à compter les shows le 27 mars. J’avais un contrat avec Quebec Mental Health pour aider les gens à l’école. J’ai commencé les shows sur le Web en même temps. J’ai perdu mon contrat à cause de la COVID, mais j’ai continué en ligne. Au début, je n’avais pas un bon son, pas une bonne qualité d’image. J’ai acheté des équipements pour diffuser en HD [haute définition] et ça dure depuis ce temps-là », explique le musicien originaire du Nouveau-Brunswick et établi en Gaspésie depuis 17 ans.

Il a acheté une licence pour placer ses spectacles sur le maximum de plateformes, dont Twitch et Twitter, en plus de Facebook et YouTube.

« C’est beaucoup de travail, aller sur chaque site. Je mets mes vidéos en ligne pendant 24 heures et je les enlève, sinon, les gens n’achèteront jamais ma musique », dit-il.

Ronnie Leblanc est un membre fondateur du groupe néo-brunswickois An Acoustic Sin, en 1996. Le groupe a produit cinq albums et il avait repris ses activités avec aplomb en 2016, avant que qu’elles soient abruptement interrompues par la pandémie.

Il a donc de la musique à vendre, qu’il s’agisse des activités de son groupe ou des trois albums qu’il a produits en solo.

« On avait des contrats avec le gouvernement, pour les écoles, un horaire de contrats de spectacles. Je venais d’acheter deux vans [véhicules] pour l’équipement. On a perdu tous ces contrats. Je continue. Tous les jours, je chante mes compositions venant d’An Acoustic Sin ou de mes albums solos. Je chante parfois des covers [les chansons d’autres artistes] quand je peux [pour une question de droits]. Je me garde les fins de semaine pour des shows privés. Ç’a commencé avec la COVID, pour des fêtes. On m’a demandé et j’ai dit oui. Dans ce cas, on me paie, mais je ne le fais pas toutes les fins de semaine. Je fais un ou deux shows payants par mois, pour faire un peu d’argent. Je veux aussi être avec ma famille », explique-t-il.

Pendant les plus intenses moments de confinement au printemps 2020, une centaine de personnes assistaient quotidiennement à sa performance en direct. Des gens ayant repris le travail, ce chiffre a chuté un peu, mais il en cache un autre.

« Chaque vidéo touche presque 3000 personnes par jour », souligne Ronnie Leblanc. Un rapide calcul indique qu’il approche les 870 000 clics en moins de 13 mois.

« Il y a des fidèles. Ils sont toujours là, tous les matins. Il y a des tippers [des gens payant un pourboire]. Chaque semaine, ils paient le même montant, comme un abonnement », dit-il.

Ronnie Leblanc, comme tous, a hâte que la pandémie se résorbe, pour reprendre ses tournées et les enregistrements dans son studio.

« J’aimerais continuer en ligne, peut-être en trouvant d’autres personnes pour embarquer, ou en trouvant un commanditaire. On ne fait plus d’argent avec la musique, mais je me trouve chanceux de faire ce que j’aime », dit le musicien, qui ne rêve plus de devenir riche avec son art.