Souffrant de troubles obsessionnels-compulsifs (TOC), monsieur Christian Dutil essaie de vivre tout en contrôlant cette maladie.

Denyse TREMBLAY, Regards, Août 2017

« Qu’est-ce que le trouble obsessionnel- compulsif ?
̶ Brièvement appelé TOC, le trouble obsessionnel-compulsif est une maladie mentale qui se compose de deux caractéristiques : des obsessions angoissantes et envahissantes; et des compulsions pour tenter de calmer les angoisses. C’est-à-dire des gestes ou des comportements répétitifs et rassurants. Même si les personnes atteintes se rendent compte qu’elles ont des obsessions et des compulsions, elles ne parviennent pas pour autant à les contrôler. C’est bien là le problème. Le trouble obsessionnel compulsif est une maladie anxieuse assez sévère. Le patient souffre d’idées fixes qui deviennent envahissantes, angoissantes et tyranniques. On répertorie aujourd’hui différentes familles de TOC : lavages; vérifications des portes; les lumières; des comptages et calculs mentaux; accumulation d’objets, etc. »

Ces troubles débutent au moins une fois sur deux dans l’enfance ou l’adolescence,
mais leur diagnostic est réalisé vers l’âge de 30 ans. Le recours à une thérapie comportementale et cognitive est souvent indispensable pour réduire ces rituels, et certains médicaments offrent de nouveaux espoirs. Le succès de certains médicaments pour diminuer les obsessions et les compulsions suggèrent que la sérotonine, un neurotransmetteur du cerveau, soit à la base de ce déséquilibre. Ce qui est souvent difficile pour les proches et la famille, qui sont impuissants devant
cela. Christian est né d’une famille de 8 enfants. Mais leurs parents sont maintenant décédés.
En juillet 1967, alors qu’il n’avait que 17 ans, un accident bête lui cause la perte d’un oeil. En se penchant trop vite, il a heurté le bout d’un manche en bois, ce qui a fait décoller la rétine de l’oeil. Ensuite, une tumeur est apparue, et ce fut la perte totale de son oeil droit. Cela ne l’a pas empêché de suivre des cours. Il a terminé sa 12e année à St Michel. Il a suivi un cours en géologie au CÉGEP. Il a fait un an de chant avec monsieur Jean Larouche (professeur en chant); il suivit un cours de photographie avec madame Arlette Vitecoq, puis un cours avec Marc Belley (photographe) au Collège de Sherbrooke.
En 1970, il a participé à deux émissions à Télé-7, situé sur la rue Frontenac. Les animateurs, Michel Lafrance et Bernard Fabi, parrainaient ces émissions. Il a occupé le poste de technicien-appariteur de février 1972 à novembre 1979 aux Ateliers d’animations culturelles et il a occupé le poste de personne-ressource durant deux mois comme archéologue sur le site amérindien de monsieur Bertrand Morin à Lennoxville.

« Parlez-moi de la maladie ?
̶ Je dirais que depuis 2 ans ½ je réalise davantage ce qu’est le TOC, car les gens
me demandent pourquoi je ramasse tant de choses et tant de cochonneries, selon eux! J’ai acheté une revue dans laquelle j’ai lu un article qui m’a chaviré! Un homme qui avait cette maladie, s’était fait un tunnel sous sa maison et il est mort dedans, car il n’a jamais réussi à trouver la sortie de sa maison! J’ai été bouleversé de lire cela.
̶ Votre famille est au courant de votre maladie?
̶ Je pense que non, pas certain!
̶ Qu’est-ce qui a déclenché cela d’après-vous?
̶ En 8e année, j’ai vécu l’intimidation et par mon professeur et par les élèves qui
m’entouraient pour me niaiser. Je me suis toujours senti rejeté, non compris, c’est alors que je me suis fait un monde à moi et je crois que c’est pour cela que je ramasse des choses!
̶ Vous avez des rêves?
̶ Améliorer ma situation, jeter ce dont je n’ai pas besoin et ramasser le moins possible. Depuis 1984 que je ramasse; mais, au début c’était beaucoup moins, mais avec les années, j’ai accumulé. Ma propriétaire a confiance que je réussise et elle connait mon problème, je la remercie; car, le fait de croire en moi va m’aider à réussir à contrôler ma dépendance. Par contre, je sais que cela ne se fera pas facilement ni d’un seul coup. J’aimerais faire de la photo comme avant, de la peinture et de la sculpture, etc.
̶ Vous savez que ça ne se guérit pas, mais il y a de l’aide qui peut vous être apportée telle que des thérapies, des médicaments, car c’est l’angoisse, l’insécurité, la peur qui sont les éléments déclencheurs? C’est comme un alcoolique, il le sera toujours, mais il apprend à vivre avec son problème en le contrôlant.
̶ Vous croyez que vous pouvez réussir?
̶ Oui, j’en suis certain avec le temps.
̶ Merci de nous avoir dévoilé tous ces secrets, qui ne sont pas faciles à
partager et bonne chance! »