J. Style poursuit son rêve de danse urbaine

Gabriela Jakubovits, Vues sur la Bourgogne, Été 2017
Il n’a que 20 ans aujourd’hui, mais J. Style sait déjà ce que ça prend pour poursuivre ses rêves. Le jeune danseur urbain a remporté des compétitions internationales et fait partie de deux compagnies artistiques, Forward Movements et Ebnfloh, en plus de ses contrats de vidéos et d’événements.
J. Style, c’est Mukoma Nshinga, un petit gars de la Petite-Bourgogne qui a fait ses premiers pas de danse ici même dans le quartier, il n’y a pas si longtemps, alors qu’aujourd’hui il enseigne son art aux plus jeunes. C’est à l’Atelier 850, organisme
communautaire pour les jeunes de la Petite-Bourgogne, que Mukoma a découvert la danse.
«J’ai commencé à danser à l’âge de 7 ans. C’est Jean-Addlaire [Gaëtan, animateur à l’Atelier 850 à l’époque] qui m’a montré mon premier mouvement de danse. Et il m’a enseigné jusqu’au début du secondaire.» Il était en secondaire 2 lorsqu’il est devenu animateur de danse bénévole à l’Atelier 850. Son premier emploi officiel a été au camp de jour de l’Atelier 850, comme animateur. Jean-Addlaire se rappelle de l’incursion de Mukoma dans la danse.
«Il a commencé à se regrouper avec sa gang de gars pour pratiquer dans les rues parce qu’on n’avait pas assez d’espace intérieur pour danser. Au lieu de faire des mauvais coups, ils pratiquaient tout le temps.» Il dit que c’est aussi le côté compétitif du milieu de la danse qui a poussé le jeune Mukoma à découvrir le popping lorsqu’il a découvert que le breakdance n’était pas pour lui.

Mukoma est né à Montréal, dans une famille provenant du Congo, qui s’est installée dans la Petite-Bourgogne lorsqu’il était tout-petit. Il a fréquenté l’école De la Petite-Bourgogne à partir de la pré-maternelle et a ensuite poursuivi ses études secondaires à l’école Saint-Luc. Étudiant motivé, Mukoma a continué au Collège Vanier où il a complété une technique de 3 ans en électronique industrielle, pensant qu’il deviendrait ingénieur un jour, au grand plaisir de ses parents. Mais durant ses études, il a compris que ce qu’il voulait vraiment faire, c’est de la danse. La réaction de ses parents? « C’est sûr qu’ils voulaient que je devienne ingénieur … mais ils ont vu que j’étais sérieux dans la danse et que je gardais quand même mes bonnes notes. Ils ont vu que la danse est devenue une source de revenus. Alors maintenant, ils sont
très heureux.»

Il y a de quoi être fier. J. Style a plusieurs victoires à son actif dans des compétitions de danse à Montréal, Ottawa et aux États-Unis. Il a gagné dans deux catégories à La Preuve, à Saint-Jérôme. Il a remporté la compétition March Madness aux É-U.
Il s’est même rendu à Amsterdam pour prendre part à la compétition Summer Dance Forever et a fait partie des 12 danseurs sélectionnés sur les 150 participants provenant des quatre coins du monde. Et l’an passé, J. Style a fait partie des artistes mis en lumière durant le Mois de l’histoire des Noirs à l’hôtel de ville de Montréal. « C’était beau à voir,» dit Jean-Addlaire avec une touche de fierté.
Le style de danse urbaine préféré de J. Style, c’est le popping, une fusion entre la culture Funk, les « social danse moves » des années 1970 dans la culture Afro américaine et l’élément illusoire de la danse du robot. C’est précisément cet aspect
illusoire qui plaît à Mukoma dans le popping. «Tu peux être ce que tu veux et le faire croire aux gens.
Si tu veux être un monstre, tu vas bouger comme un monstre. C’est la liberté de cet aspect illusoire que j’aime.» Le jeune homme est tombé en amour avec ce style tout de suite.  Il a suivi ses premiers cours de poppinau Centre communautaire de loisirs de la Côte-des-Neiges. Aujourd’hui, c’est lui qui donne des cours, à son tour, à la Maison des jeunes L’Escampette ici, dans la Petite-Bourgogne.

Poursuivre un rêve
«Mon plus grand accomplissement, c’est de poursuivre dans le domaine que j’aime. Ça aurait été trop facile de lâcher la danse et faire d’autres choses.»
Mukoma raconte que c’est son entourage qui l’aide à garder le cap. «Je suis vraiment bien entouré. J’ai mes amis du secondaire, le milieu des danseurs, ma famille.» Le jeune danseur croit qu’il est important de rêver et de poursuivre ses rêves.
Mais il faut aussi travailler fort et croire en ce qu’on fait. Son conseil pour les jeunes? « Il ne  faut pas trop stresser pour les choix qu’on doit faire. Il faut aussi voyager,
voir le monde, se connaître et élargir ses horizons.»

Aujourd’hui, Mukoma et sa famille habitent dans l’arrondissement Saint-Michel, mais le jeune homme revient régulièrement dans la Petite-Bourgogne. «Le quartier me manque. J’aimerais revenir vivre ici.»