Savez-vous pourquoi Hélène Larouche a les joues rouges ?

Daniel Rancourt, Le Félix, Saint-Félix-de-Kingsey, juin 2017

Après sept ans de démarches en quête d’une ferme à acheter quelque part entre Drummondville, Sherbrooke et Victoriaville, Hélène Larouche et son conjoint, François Latulippe, ont enfin acquis une ferme de 88 acres du 9e rang à Saint-Félix-de-Kingsey en 2011.

Ils ont emménagé en 2012 au beau milieu de travaux de rénovation et de réaménagement de la maison, effectués par Benoît Leclair (merci !), tout en y habitant avec tout ce que cela signifie comme « dérangement » ! Depuis, cela n’a pas arrêté. Les bâtiments et constructions poussent comme la verdure sur leur terre : garage, nouveaux bâtiments pour les animaux, hangar pour la machinerie, serre, pergola, bassin d’eau, maisonnette pour les petits enfants, abris pour les plus grands, etc.

 

Le projet

«Au départ, nous avions un projet de gîte à la ferme… Et moi, je voulais des moutons… Nous avions comme objectif d’atteindre l’autosuffisance : répondre à nos besoins alimentaires et autres avec notre terre », confie Hélène. «Avant, à Montréal, j’étais archiviste à l’Ordre des ingénieurs : je travaillais dans un bureau où il n’y avait même pas de fenêtres! Mais avant même de déménager à la ferme, j’avais des chevaux que je faisais garder en pension chez notre voisin, Mario. Et j’avais des poules dans notre garage de Laval ! », lance-t-elle un grand sourire aux lèvres.

Curieusement, Hélène Larouche et Manon Hurtubise, une autre productrice d’agneaux à Saint-Félix, étaient voisines à Laval! Elles ne se connaissaient pas à l’époque, mais leurs enfants se côtoyaient à la même école. « Quand j’étais jeune, je devais avoir 10 ans, j’avais un potager de 10 pieds sur 10. Ça me prenait une demi-heure en vélo pour y aller tous les jours, beau temps, mauvais temps. Je fournissais ma famille, mes grands-parents, des oncles et des tantes… J’ai toujours eu un potager. Faire mes confitures, mes fines herbes… Créer la vie… J’aime ça… J’aime tout ce qui est fait à la main : la couture, le tricot, le crochet, le tissage… Mon père a toujours dit que je n’étais pas née dans le bon siècle… »

Originaire de Jonquière au Saguenay-Lac-Saint-Jean, Hélène Larouche a suivi des cours en agriculture à Alma : « C’était dans les années 80, et devant le prix des terres et des investissements nécessaires pour acquérir une ferme, le professeur nous avait avertis : «Vous, les filles, si vos parents n’ont pas de ferme, oubliez ça ! Vous allez cueillir des légumes toute votre vie ! » Moi, j’ai dit : «Non ! Ça, ça ne m’intéresse pas… J’ai donc appris sur le tas, avec internet, et les conseils d’amis et de voisins… » Et de son conjoint qui a étudié à l’Institut de technologie agroalimentaire (ITA) de Saint-Hyacinthe en exploitation de ferme, promotion 1983, avant d’aller aider son père dans l’entreprise familiale à Montréal, un tout autre domaine d’expertise.

 

La réalisation

Aujourd’hui, le grand rêve des «Deux L», et de leur fils Jean-Martin, 14 ans, se réalise : 80 brebis, avec l’objectif d’agrandir le troupeau à 125 ; 24 poules pondeuses qui donnent deux douzaines d’œufs par jour ; une douzaine de porcs, une douzaine de canards pour faire son propre foie gras – « J’ai appris à les gaver sur internet et grâce à une autre productrice de la région » ; une douzaine de dindes ; des cailles pour les œufs et la viande ; des poulets de grain ; des veaux Holstein/Jersey de grain ; cinq vaches et un taureau Highland ; deux chevaux ; une vache Holstein dont elle compte tirer le lait pour faire la crème, le beurre et le fromage ; des lapins qu’elle ne compte plus ; 22 acres de soya, 40 acres de fourrages et 16 acres en pâturage pour les animaux ; enfin, un grand potager qui fournit fruits, légumes et verdures pour la famille, les conserves et les confitures, et le marché public de Saint-Félix-de-Kingsey ; et une boutique pour la vente des produits de la ferme (et même des peaux de ses moutons!) sans oublier les fleurs et les platebandes : « J’aime ça quand c’est beau ! », ajoute Hélène.

Le secret de cette réussite ? « Je n’arrête pas ! Du matin au soir ! C’est pour ça que j’ai les roues rouges ! » Pour se « détendre», Hélène fait de la peinture, à l’huile s’il vous plaît, et dessine d’autres plans d’aménagement futur… « Il s’agit d’être organisée », conclut-elle en empoignant deux des six chats de la ferme qui s’étaient faufilés dans le garage avant de refermer la porte.