Guy Pouliot en compagnie des premiers travailleurs mexicains arrivés à la ferme Onésime Pouliot. Photo : Bruno Laplante

Los trobajadores agricolas temporales

Bruno Laplante, Autour de l’île, Île d’Orléans, mai 2017

Cet été, nos producteurs maraîchers accueilleront environ 650 travailleurs agricoles, pour la plupart des Mexicains. Certains sont arrivés dès la mi-avril. Leur saison de travail s’étirera sur une période maximale de huit mois. Ce sont tous des hommes, âgés de 21 à 40 ans. Il n’est pas interdit d’embaucher des femmes, mais alors il ne faut embaucher que des femmes. Autrement dit: pas de mixité parmi les employés étrangers sur un même site.

Mais pourquoi a-t-on besoin de faire venir un si grand nombre de «Latinos»? Tout simplement, comme on s’en doute, parce que les Québécois ne répondent pas à l’appel. Les employeurs sont obligés d’afficher les postes sur le site Placement en ligne, d’Emploi Québec, et dans les journaux ou ailleurs. C’est l’UPA qui se charge en bonne partie des tracasseries administratives, et ce, par l’entremise du Centre d’emploi agricole. Le Programme des travailleurs agricoles saisonniers encadre les démarches et les responsabilités des intervenants. Sur les centaines de postes affichés par les producteurs orléanais, on peut estimer que moins de 10 réponses furent obtenues de la part de Québécois. À la ferme Onésime Pouliot de Saint-Jean, sur les 185 postes affichés (25 de plus que l’an passé), une seule candidature québécoise fut reçue en plus de quelques réponses provenant d’Asie.

Le salaire minimal de base sera de 11,25 $⁄l’heure pour la saison 2017. Si on additionne toutes les dépenses (billet d’avion, logement, avantages sociaux), le coût par travailleur s’élevait à environ 20 $ de l’heure, en 2015 (dernières données disponibles). Les autres conditions varient d’une ferme à l’autre. La nourriture n’est pas comprise, mais souvent les entreprises fournissent le transport pour permettre à leurs employés d’aller faire leurs courses. Pour un maraîcher, les coûts de main d’œuvre représentent environ 50 % des coûts totaux de production et 50 % de ces coûts surviennent lors de la récolte. (Donc 25 % du coût d’un panier de fraises est attribuable au salaire du cueilleur.)

Les avantages pour les producteurs sont évidents : c’est souvent la survie même des entreprises qui est en cause. Les travailleurs étrangers semblent aussi apprécier ce système. Au Mexique, il faut attendre un minimum de trois ans, après avoir donné son nom, pour avoir la chance de passer une entrevue d’embauche. Certains reviennent chaque année. Dans les fermes visitées, le travailleur qui a le plus d’ancienneté en est à sa treizième saison. De mémoire de producteur, très peu de travailleurs saisonniers décident de demeurer au Québec, même après plusieurs saisons. Il n’y a à peu près pas de couples qui se seraient formés entre des travailleurs et des Orléanaises.

Souvent, ce sont les producteurs eux-mêmes qui se rendent sur place pour recruter les candidats. Ce sont cependant des organismes gouvernementaux mexicains, canadiens ou québécois qui procèdent aux examens médicaux, à l’évaluation des éléments de sécurité ou à la conformité des conditions d’acceptation. Les critères de sélection sont les suivants : avoir une bonne santé et être capable de travailler en équipe. Huit mois à travailler dur, vivre en groupe, éloigné des siens dans un environnement culturel différent, c’est tout un défi. Tout au cours de la saison estivale, nous verrons comment s’en tirent certains de nos invités.