Photo : Jocelyn Blanchette

Grande aventure nordique vers le Nunavik

Éric Cyr, Le Trait d’union du Nord, Fermont, le 6 mars 2017

Cinq aventuriers fermontois ont décidé de relever un défi, celui de franchir la distance Fermont-Kuujjuaq aller-retour dans le cadre d’une randonnée de motoneige totalisant 1600 kilomètres. Les hommes ont soigneusement planifié leur trajet en tenant compte des besoins et en tentant d’anticiper les imprévus qui auraient pu survenir durant l’excursion nordique.

L’équipage visant à se dépasser en réalisant un accomplissement personnel était composé de Bruno Laverdure, Patrick Ouellet, André Pelletier, Carl Soucy et Jean-Philippe Lessard. Plusieurs réunions de planification logistique ont été nécessaires avant le départ afin de déterminer les tâches et responsabilités de chacun.

Les hommes confient qu’ils ont été choyés par la température malgré un départ difficile où le mercure affichait -38 degrés Celcius. Ce n’est pas la météo, mais plutôt un fâcheux imprévu, qui les a forcés à rebrousser chemin après qu’un morceau de plastique a déchiré une chenille. Ils sont repartis le lendemain jalonnant les lacs et les sentiers enneigés et affrontant la gadoue (slush) jusqu’à un vieux camp indien sans châssis et où le poêle à bois était jonché dehors dans un banc de neige. Ils ont donc été forcés de coucher à la température ambiante. Le parcours était tracé d’avance: Fermont, Schefferville, lac Romanet, lac LeMoyne puis Kuujjuaq.

Fait cocasse, à Schefferville, les comparses étaient un peu nerveux de laisser leurs motoneiges sans surveillance à l’extérieur de l’hôtel, mais ils ne savaient pas que le défunt premier ministre du Québec, Maurice Duplessis, veillait sur eux puisque les autochtones redoutent le fantôme de celui qui est mort dans la chambre 3 de l’auberge Guesthouse et ne s’en approchent jamais. Cette chambre était d’ailleurs occupée par un membre ronfleur de l’expédition. Les camarades motoneigistes ont particulièrement apprécié chevaucher leur monture d’acier à travers les beaux paysages hivernaux et surtout à travers les canyons au nord de Schefferville avant de longer l’immense réservoir Menihek au Labrador. Soudain, un autre coup dur, un des compagnons renverse avec sa motoneige sur une lame de neige et doit se rendre à l’hôpital de Kuujjuaq qui n’a pas d’ambulance, mais où l’infirmière se déplace en Ford Econoline. Heureusement il a eu plus de peur que de mal et il peut repartir. Après une petite visite du village nordique, anciennement appelé Fort Chimo et situé au bord de la rivière Koksoak, avec des amis dont Sylvain Tremblay et le professeur de mécanique Gaston qui s’improvise guide, les cinq complices fraternisent avec les Inuits qui y habitent et qui vivent dans des maisons bâties sur pieux sans eau courante et sans égouts. L’électricité est produite par cinq grosses génératrices diesel Caterpillar V-16 équipées des mêmes moteurs que ceux des camions miniers de 240 tonnes et qui consomment 16 000 litres de mazout par jour. Les motoneigistes ont ensuite pris le chemin du retour vers Fermont où ils étaient attendus avec impatience par leurs familles et planifient déjà un autre parcours vers la baie James cette fois.

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