Québec recule et l’UPA l’emporte

Pierre Hébert, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 8 février 2017

Il semble que la détermination des producteurs agricoles membres de l’UPA à bloquer l’accès aux sentiers de motoneige et de quad sur leur terre privant ainsi l’industrie touristique de revenus substantiels ait porté ses fruits. Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, Laurent Lessard, annonçait vendredi dernier l’abandon de la réforme du Programme de crédit de taxes foncières agricoles (PCTFA) mis en place le 1er janvier dernier et son remplacement par l’ancien programme.

Par ce geste, le ministre Lessard vient de mettre sur la voie de garage le programme défendu par son prédécesseur Pierre Paradis. Rappelons que le PCTFA avait soulevé le mécontentement général des producteurs agricoles. « Le gouvernement du Québec prend une bonne décision. La détermination des producteurs agricoles, la nomination récente de M. Lessard et les comptes de taxes reçus jusqu’à maintenant, qui confirment toutes nos évaluations, ont clairement fait la différence », déclarait par voie d’un communiqué de presse le président général de l’UPA, Marcel Groleau. Toutefois, ce dernier déplore que le gouvernement du Québec « n’a pas annoncé qu’il entendait réunir les intervenants (UPA, FQM et ministères concernés) pour trouver des solutions durables à la fiscalité foncière agricole. L’augmentation importante du fardeau fiscal des producteurs agricoles ces dernières années, en raison notamment de la hausse substantielle de la valeur des terres (800 % en 20 ans) et du mode d’évaluation utilisé par les municipalités, est pourtant bien réelle. » Lors d’une conférence de presse tenue à Cookshire-Eaton jeudi passé, François Bourassa, président de l’UPA-Estrie, mentionnait « comme tous leurs concitoyens, les producteurs agricoles paient toutes leurs taxes sur leur maison et leur terrain. Mais là, les taxes de l’entreprise agricole augmentent de 40 % en moyenne. Ça ne respecte même pas la Loi. »

Évidemment satisfaite, Lynne Martel-Bégin, présidente du Syndicat local de l’UPA du Haut-Saint-François et vice-présidente de l’UPA-Estrie, rappelle « ce n’était pas de gaieté de cœur qu’on fermait les sentiers; c’est parce qu’on n’avait pas le choix. » D’ailleurs, vendredi en après-midi, l’UPA-Estrie contactait ses membres pour leur dire de suspendre le blocus. Mme Martel-Bégin croit que la menace de fermer les sentiers avec les nombreux appuis obtenus et l’injonction déposée par l’UPA contre le gouvernement du Québec ont pesé lourd dans la balance. De son avis personnel, Mme Martel-Bégin croit que le remplacement de Pierre Paradis par son collègue Laurent Lessard était une bonne chose. « On a vu au congrès de décembre dernier avec son arrogance que le courant entre Pierre Paradis et l’UPA ne passait pas. Avec M. Lessard, on voyait qu’il y avait une volonté de régler. » Lors de la conversation téléphonique, Mme Martel-Bégin mentionnait que le personnel de l’UPA-Estrie adressait des courriels de remerciements aux MRC, municipalités et associations diverses ayant appuyé les agriculteurs.

 

Accès aux sentiers

Jonathan Blais, acériculteur de La Patrie, avait devancé l’échéancier du 6 février en fermant l’accès aux sentiers sur ses terres mercredi passé. Toutefois, il n’a pas tardé à les rouvrir. « Je l’ai fait à la minute que j’ai entendu la nouvelle, j’ai enlevé mes cadenas. Ça bien adonné, il y avait des motoneigistes de la Beauce qui arrivaient et cherchaient leur chemin. Je leur ai dit qu’ils pouvaient passer dans le sentier. Ils m’ont remercié et on s’est donné la main. »

Bien qu’il abandonne le PCTFA, le ministre Lessard a par ailleurs annoncé qu’un programme supplémentaire de crédit foncier d’une valeur de 4 millions $ sera mis sur pied pour les petits agriculteurs dont la valeur de la production est en deçà de 5 000 $, ce qui aurait été favorisé par la réforme rejetée.