Suzanne Brouillard. Photo Raymond Bernatchez

Suzanne Brouillard : pour l’amour de la musique

Raymond Bernatchez, Montbeillard en bref, Montbeillard, janvier 2017

En 1955, un an après la naissance de Suzanne Brouillard à l’ancien hôpital de Rouyn, devenu depuis un CLSC de Rouyn-Noranda, ses parents font l’acquisition d’un emplacement de villégiature en bordure de la baie à l’Orignal.

La résidence familiale est localisée à Rouyn. Léo Brouillard, à l’emploi du CN, ainsi que Claire Beaulé, son épouse enseignante, y donnent successivement naissance à Lise, Gilles, Hélène, Michel lorsque Suzanne Brouillard, la p’tite dernière, apparaît.

Une soif inextinguible d’apprendre l’anime. Ayant menacé de tout casser dans la maison à l’âge de cinq ans si on lui refusait d’accéder à l’école, on l’y admet. L’apprentissage pianistique étant favorisé dans son cocon familial, la fillette entame parallèlement sa première formation en piano avec les Sœurs Grises de la Croix.

Le fil de sa vie est déjà là : la maison en ville, le chalet familial à Montbeillard réunissant parents et amis, les études, notamment l’interminable apprentissage de la musique. De la musique elle en a fait tout autant à 16 ans, en 1970, en accédant au Cégep de Rouyn-Noranda. Les parents viennent de vendre leur maison de la rue Perreault à Rouyn pour une autre rue des Oblats. Un souvenir surgit de ce temps-là : un disque pressé sur vinyl contenant les voix des choristes Les Bémols.

1970-1972- Une vraie queue de veau Suzanne Brouillard, au Cégep, elle passe de sciences pures, à sciences de la santé, psycho et sciences humaines. Tout ça pour quoi? Pour aboutir à 18 ans à l’école de musique Vincent d’Indy près de l’Université de Montréal. C’est l’époque des apparts en colocations étudiantes dans le secteur puis du lourd piano qu’on déménage sans cesse dans les escaliers. Verdict un an plus tard? Adieu Vincent D’Indy qui mise par trop sur la virtuosité.

Heureusement qu’elle se repose au chalet parental durant l’été ouf! Résumons vivement la confondante suite. Ne voilà-t-il pas qu’elle se propulse à l’Université du Québec à Trois-Rivières où elle obtient, à 22 ans, son bac en piano d’accompagnement. En 1976 la musicienne confirmée se laisse tenter par un poste de prof en Louisiane où elle vit jusqu’en 1977. Puis, elle revient au Québec pour y faire indépendamment de la musique avec d’autres. Ces expériences vécues, c’est à Sherbrooke quelle se rend en 1979 où elle enseigne la musique dans 10 écoles de sa vaste région, soit à 32 groupes totalisant 680 élèves. L’école, jouxtée à l’apprentissage usiné de la musique, ça n’est vraiment pas dans ses cordes!

Nouveau départ, pour Québec cette fois. « Je me suis déniché une job dans une bibliothèque, au Cégep Garneau juste derrière chez-nous. Six dollars l’heure le job pour 15 heures semaines. Plus question d’enseigner dans un cadre semblable. De la musique bien sûr mais dans mes temps libres, pour mon plaisir gratuit».

Suzanne Brouillard se passionne tant pour la bibliothéconomie, qu’elle décroche, en 1984, à Montréal, une maîtrise en ce domaine. Étape suivante? Retour à Québec, prochain arrêt: l’Université Laval. Joignant ses acquis pour la musique à la bibliothéconomie, notre girouette se stabilise enfin. En jumelant ces deux disciplines, le contenu des connaissances s’accroit sans cesse dans ce service. Et ce, jusqu’en 2006. Entretemps, son père est décédé en 1998. Un autre événement survient qui va la rapprocher de son Abitibi natale.

En 2006, la mère de Suzanne Brouillard est hospitalisée au CHSLD Pie XII, à Rouyn- Noranda. Que faire? Perpétuer ses fouilles universitaires ou prêter main-forte à celle qui lui a donné naissance? La voilà donc de retour à Rouyn-Noranda. La famille ayant simultanément convenu de vendre l’emplacement du vieux chalet de Montbeillard, elle s’y réfugie brièvement croit-elle. Pour réaliser qu’elle a bel et bien l’intention de l’acheter aux fins d’y édifier une toute nouvelle maison modulaire en prévision de sa retraite.

En 2008 elle est redevenue la citoyenne de Rouyn (Noranda) qu’elle était étant jeune.

C’est, depuis, la mélodie du bonheur, sa paix recouvrée, la contemplation du lac, de la nature ambiante, les retrouvailles parentales et amicales. Sans omettre l’activité musicale à dimension humaine. En accompagnant le Chœur des retraités au sous-sol de l’église Immaculée-Conception. En 2009, la chorale En sol mineur cherche un chef, elle en trouve plutôt une. « C’est, dit-elle, un cadeau inespéré de diriger cet ensemble ». Les cadeaux sont souvent à nos pieds alors que nous les cherchons vainement au loin.