Sylvie Rouillard, Aux quatre coins, Ascot-Corner, octobre 2016
Jessy Forgues, responsable du club de course d’Ascot Corner, vient de remporter la 5e édition de l’Ultra-Trail Harricana du Canada chez les femmes. Elle a complété ce parcours de 125 km en 14 heures et 41 minutes. De plus, elle est arrivée 3e au classement général, hommes et femmes confondus. Tout un exploit!
L’Ultra-Trail, qu’est-ce que c’est?
Une course en sentiers dans les montagnes ou en forêt qui permet aux adeptes de se rapprocher de la nature, d’éprouver des sensations nouvelles et d’amasser des fonds pour une bonne cause. L’Ultra-Trail Harricana du Canada avait lieu au centre de ski Mont Grand-Fonds, à La Malbaie, dans Charlevoix. Plus de 1400 coureurs ont participé à l’événement quioffrait sept courses sur des distances diverses (1 km à 125 km). Il est à noter que 20 000 $ ont été recueillis afin de lutter contre la sclérose en plaques.
Un parcours diversifié
Jessy n’en est pas à sa première course. Plus tôt cette année, elle s’est classée au premier rang chez les femmes lors de la course de l’Ultra-Trail du Bout du Monde le 24 septembre au parc Forillon en Gaspésie. Un parcours de 55 km en 5 h 33, ce qui l’a également hissée au troisième rang au classement général. Arrivée aussi première au 100 km dans le cadre de l’Ultra-Trail du Mont-Albert en Gaspésie, Jessy Forgues était la première femme à réussir cet exploit en solo. Fait surprenant, la jeune femme s’élance dans des sentiers de longue distance depuis juin 2015 seulement. Elle avait à ce moment-là, couru le Harricana de 65 km et remporté la course. Elle s’est rendu compte qu’elle avait de la facilité à courir de longues distances. Elle décide alors de s’entrainer et de participer à plusieurs courses. Elle fait en 2016 le Bear mountain, dans l’État de New York, et arrive 3e au 50 km. Depuis, elle continue donc d’arpenter les sentiers et les montagnes en se lançant toujours d’autres défis.
Course et équilibre, entrainement et discipline
Jessy Forgues aime se retrouver dans la nature. Quand elle court seule en montagne, elle peut s’accorder du temps, du temps rien que pour elle. Ça lui permet aussi d’atteindre son équilibre et de garder un mode de vie sain. Courir sur des terrains accidentés exige de la concentration. « On doit regarder où l’on met les pieds », affirme la coureuse. « On est dans le moment présent. » Avec la course, Jessy décide donc d’être l’actrice de sa vie. Elle se fixe des objectifs, se lance des défis et s’organise pour les atteindre. Pour parcourir les sommets, il faut de l’entrainement et de la discipline. Jessy s’entraine six jours sur sept, beau temps, mauvais temps. Elle court de une à trois heures et demie par séance, selon les trajets, pour atteindre une moyenne de 100 à 138 km par semaine. Courir plus longtemps pourrait créer une fatigue importante et inutile. Le corps doit récupérer. Pendant la course, le mental compte pour beaucoup. Jessy admet que la douleur se fait sentir et se promène d’une partie du corps à l’autre. Mais il faut attirer son attention sur le paysage, sur la beauté de la nature et se féliciter pour chaque kilomètre couru. Dans son cas, un paquet de gommes à mâcher l’a soutenue et motivée tout au long du parcours.
À chaque 10 km, elle mâchait une gomme, lui procurant ainsi énergie et bonheur. Ce truc simple lui a permis de garder son mental au beau fixe. Comment arriver à s’entrainer ainsi? Le mot d’ordre : planifier. Jessy inscrit ses séances d’entrainement dans son agenda et déroge le moins possible de sa planification. Elle n’a pas le choix, car en plus de l’entrainement, elle travaille 40 heures par semaine comme policière et elle est mère de deux enfants.
Projets, projets
En 2017, Jessy vise l’Ultra-Trail du mont Albert pour le 160 km et, pour 2018, l’Ultra-Trail Mont Blanc (UTMB®) en France. Il s’agit d’une course de 170 km avec un dénivelé positif de 10 000 mtraversant 3 pays soit la France, l’Italie ainsi que la Suisse. L’élite mondiale de la course de pleine nature se retrouve donc à Chamonix où seront réunis environ 8000 coureurs passionnés pour une épreuve de montagne comportant de nombreux passages en altitude dans des conditions climatiques souvent difficiles (nuit, vent, froid, pluie ou neige), nécessitant un très bon entraînement, un matériel adapté et une réelle capacité d’autonomie personnelle.
Pour cette course, les coureurs doivent accumuler des points de qualification. Ainsi, notre coureuse doit obtenir 15 points dans un maximum de 3 courses en deux ans. Comme elle a déjà à son actif plusieurs courses qu’elle a remportées, le cumul des points de qualification va se faire assez aisément.
Jessy Forgues, coureuse de fond, policière, mère de deux jeunes enfants et femme accomplie, représente un modèle inspirant pour bien des femmes, mais aussi pour tout le monde qui veut, comme elle le dit si bien, « être l’acteur ou l’actrice de sa vie ». Elle nous prouve que persévérance, discipline, constance peuvent nous mener très loin. Il s’agit de croire en nos projets.