Une clinique de transition-inscription

Pierre Hébert, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 21 septembre 2016

Le Groupe de médecine de famille du Haut-Saint-François (GMF) avec la direction des services généraux du CIUSSS de l’Estrie – CHUS a mis sur pied une clinique de transition-inscription qui a pour effet de réduire la liste de patients orphelins inscrits au GMF du territoire. Marie-Pier Beaulieu, infirmière clinicienne, qui rencontre les patients, mentionne que la clinique est opérationnelle depuis six mois et « permet beaucoup d’espoir pour les patients orphelins. » Avec les trois nouveaux médecins qui s’ajoutent au GMF, Stéphanie Blais-Boilard, médecin au Centre de santé Cookshire, membre du GMF, ose espérer que la liste actuelle sera épuisée d’ici trois ans.

Ça fait au moins deux ans que le GMF travaille à trouver des avenues pour augmenter l’accessibilité pour les patients orphelins, d’expliquer Mme Beaulieu. Mais depuis six mois, la clinique de transition-inscription a véritablement pris son envol avec des résultats intéressants, estime-t-elle. « La formule de prise des patients est unique dans le Haut-Saint-François, même en Estrie », mentionne l’infirmière clinicienne. Une telle démarche « nécessite beaucoup d’ouverture d’esprit pour les médecins soit de collaborer étroitement avec les infirmières, c’est assez nouveau. On a une équipe médicale assez dynamique qui veut vraiment trouver des solutions à l’accessibilité. C’est une mentalité commune que nous avons à trouver des solutions, qu’est-ce qu’on peut faire pour aider les gens à avoir accès aux soins de santé ? C’est dans cet objectif-là que ça a été mis sur pied. On s’est dit que peut-être que ça pouvait faire partie des solutions », d’exprimer avec enthousiasme Mme Beaulieu.

 

Façon de faire

Selon des critères définis, les patients inscrits au GMF du Haut-Saint-François sont invités à rencontrer l’infirmière clinicienne pour une première rencontre. Par la suite, ils seront référés à un médecin de famille. « Après la rencontre, ils ne sont plus orphelins », d’assurer Mme Beaulieu. Cette dernière dispose de toutes les qualifications nécessaires pour effecteur le travail dévolu à sa tâche. Elle fera un portrait global de la situation du patient comme la prise de pression, examen cardiaque, pulmonaire, révision des habitudes alimentaires, des activités physiques, des habitudes de vie comme le tabagisme, l’alcool, les drogues. Mme Beaulieu fera également une révision du dossier, voir si le patient a subi des opérations, des fractures et ses antécédents familiaux. Elle peut également faire des ordonnances sélectives comme demander aux patients, s’ils acceptent, de faire une prise de sang. « Je fais une prise en charge globale du patient avec le volet enseignement. Le médecin s’occupe du volet médical. » Cette façon de faire, explique l’infirmière clinicienne, dégage du temps permettant aux médecins de rencontrer plus de patients.

Malgré cette percée, Mme Beaulieu mentionne qu’un certain pourcentage de patients refuse la rencontre avec l’infirmière clinicienne préférant attendre la voie traditionnelle de prise en charge selon la liste d’attente pour rencontrer directement le médecin. Par ailleurs, à l’heure où les patients se plaignent de ne pas avoir accès rapidement aux médecins, il semble que de façon générale 1 sur 5 ne se présente pas à son rendez-vous. Dre Stéphanie Blais-Boilard, médecin au GMF, déplore que ces patients n’avisent pas le secrétariat de leur absence, privant ainsi la chance à d’autres d’avoir accès au médecin.

 

Médecins

Pour Stéphanie Blais-Boilard, les avantages de la nouvelle approche sont nombreux. D’abord, cela contribue à augmenter l’efficacité et permet aux médecins de voir plus de nouveaux patients. Elle standardise la prise en charge que ce soit les recommandations, références aux ressources déjà en place (infirmières, maladie chronique). La façon de faire, ajoute Dre Blais-Boilard, habitue les patients au travail en équipe multidisciplinaire. Pour les médecins, « le travail d’équipe est gratifiant et dynamise la pratique, favorise l’échange, la formation continue et permet de déléguer des tâches aux autres professionnels pour augmenter leur capacité. On a moins l’impression d’être seul au front avec les patients. » Selon elle, « les médecins ont plus le goût de repousser leur limite et acceptent de prendre plus de patients en charge. »

 

Orphelins

Mme Blais-Boilard mentionne que 608 patients orphelins inscrits au GAMF du HSF ont trouvé un médecin de famille au cours des six derniers mois. Depuis janvier 2014, mentionne-t-elle, ce sont 2 891 patients qui ont désormais un médecin familial à ce GMF. Avec l’arrivée des trois nouveaux médecins, au GMF du HSF, Dre Blais-Boilard croit qu’elles devraient voir 1 000 nouveaux patients de plus dans la prochaine année. À ce rythme, on pourrait épuiser le nombre de patients inscrits au Guichet d’accès pour un médecin de famille (GAMF) du HSF d’ici trois ans, souhaite Dre Blais-Boilard.

Pour y avoir accès, il est nécessaire d’être inscrit au GAMF du Haut-Saint-François. Pour ce faire, il suffit de taper gamf.gouv.qc.ca ou en composant le 819 821-4000 poste 38499.

 

Represcription

Dans un autre ordre d’idée, Mme Beaulieu rappelle que la clinique de represcription fonctionne depuis juin dernier. Cette façon de faire a été mise en place à la suite de la fermeture de la Clinique médicale East Angus. Plusieurs patients ont perdu leur médecin de famille suite à des départs à la retraite et avaient besoin de faire renouveler leur prescription. « Par souci d’accessibilité, on ne voulait pas que les gens tombent entre deux chaises. C’est une collaboration de médecins, infirmières et pharmaciens », d’exprimer Mme Beaulieu. La clinique de represcription est supportée par le GMF du Haut-Saint-François. Les patients qui y ont accès doivent demeurer sur le territoire et être inscrits sur la liste d’attente du GMF pour un médecin de famille dans le Haut-Saint-François. Le patient doit faire la demande de renouvellement de prescription à son pharmacien. Ce dernier acheminera une formule à la clinique, qui sera réévaluée par les médecins et autorisée si nécessaire. Le tout semble bien fonctionner selon Mme Beaulieu.