Annie la tricoteuse

Jasmine Valiquette, Le Journal des citoyens, Prévost, le 15 septembre 2016

La rentrée scolaire m’amène à cette entrevue avec Annie Leduc. Annie a été enseignante pendant 34 ans à Montréal et à Laval. Elle a grandi à Sainte-Anne-de-la-Pérade et aujourd’hui, elle vit depuis plusieurs années au bord d’un petit lac, dans un décor rustique et sain dans les environs de Morin-Heights.

Femme active, vivante et énergique elle a fait partie d’une chorale avec les jeunes et aussi avec les adultes à Saint-Sauveur. Pendant plusieurs années, elle a été membre du Cercle des fermières et de la Toison d’Or. Aujourd’hui, elle consacre une bonne partie de son temps aux plaisirs de tricoter.

Chaque année, au temps des bleuets et des blés d’Inde, son cœur bât et devient fébrile, car c’est la rentrée qui approche. Bien que retraitée depuis plusieurs années, elle vit en émotions cette rentrée scolaire, je la sens fébrile. Elle planifie son automne en créant de nouveaux projets avec ses amies-tricoteuses. Que confectionneront-elles de plus beau et de plus douillet que l’année dernière ?

En fait, elles confectionnent des vêtements de laine pour les plus démunis, avec leurs aiguilles et leurs crochets de toutes les grandeurs elles tricotent, des tuques, des foulards, des mitaines, des bas, des pantoufles et des petites couvertures pour les enfants… elles ont déjà tricoté des petits bonnets et des petits chaussons pour les bébés de la pouponnière ainsi que de délicats et doux petits nids d’ange destinés aux bébés mort-nés de l’hôpital de Sainte-Agathe-des-Monts.

Annie est originale et a toujours la bonne idée de création, c’est d’abord avec les restants de laine qu’elle a pensé à tricoter, pour donner aux suivants, en passant par des organismes communautaires, tels que : L’Ombrelle, l’Échelon, la Maison des jeunes, la Maison de la famille tandis que le CLSC propose des familles démunies. Pour elle, ces articles de laine ne servent pas qu’à réchauffer le corps durant la période hivernale, mais ils réconfortent, cajolent et chouchoutent ceux qui les portent.

Annie est une femme de 74 ans, animée, colorée qui aime rire et s’amuser. Elle est vive, vivante, aimante et aimée; même si elle est aux prises avec l’arthrite, elle dit que le fait de tricoter la sauve des douleurs et des raideurs des articulations au niveau de ses mains. Elle tricote pour les autres, mais aussi pour faire bouger ses mains et ses doigts.

Ses projets de créations sont une drogue légale qui la garde en forme autant physiquement que psychologiquement.

Elle aime aussi le jardinage, la cuisine et recevoir ses amis. Elle est coauteure du livre Mon père et moi. Une femme exceptionnelle au timbre de voix qui rappelle celui de Fanfreluche. Étant jeune, elle aurait aimé avoir des enfants, mais la vie en a décidé autrement… son choix de vie l’a comblée parce qu’elle enseignait aux enfants des autres comme si c’étaient les siens, dit-elle.

Tricoter pour les gens dans le besoin rendrait-il heureux ? C’est ce que dégage Annie, cette tricoteuse aux mille et un trucs et astuces autant au niveau du choix des aiguilles et des crochets que de la qualité des pelotes de laine et des plus beaux assortiments de couleurs… tout laisse soupçonner qu’elle pourrait même choisir les plus beaux moutons à tricoter… qui sait !