Rimouski n’aime pas Le Mouton ?

Marc Simard

 

Je suis tombé sur le spectacle de la Saint-Jean sur la chaîne de télévision communautaire de Rimouski le 23 juin. Ouf ! J’ai dû demander à mon fils de venir voir si j’avais la berlue. Même si les restrictions sanitaires avaient un peu été relâchées et qu’un spectacle à l’extérieur aurait été possible, les organisateurs ont opté pour un studio terne et vide. Que dire du groupe musical qu’on avait embauché ! Des jeunes que le talent n’étouffait pas. Un chanteur avec une casquette arborant une marque de tracteur ou une équipe de sport… qu’importe. Au menu, des chansons québécoises, certes, mais les mêmes vieux tubes des années 70 à 90 : Paul Piché, les Cowboys fringants, Beau Dommage et autres classiques dépassés. Je dois avouer que je n’ai pas regardé le spectacle en entier, mais suffisamment pour constater qu’on ne jouait pas Sarahmée, Elisapie, Loud. Bref, un flagrant manque de diversité culturelle et presque rien de notre époque. Par chance, Stéphanie Pelletier venait partager ses mots et sa prose, ce qui donnait une note plus poétique à l’événement sinon digne d’un Secondaire en spectacle. Parmi les commanditaires, la Ville de Rimouski. C’est logique, me direz-vous ? Je veux bien. Mais investir dans un pareil flop n’est pas digne d’une municipalité qui se targue d’une vie culturelle riche.

Parlant de dépenses publiques discutables (il y en a tellement), notons la chaise Adirondack d’une hauteur de 14 pieds (4,24 mètres), la plus haute au Québec, installée en face du musée, place des Anciens-Combattants. La bonne nouvelle, c’est que, premièrement, la Ville en a confié la fabrication à des petits gars d’ici, de Rabots D. Bois. Il n’y a pas de deuxièmement.

Je ne sais pas combien le projet a coûté, et qu’importe. Je ne comprends pas le but. L’argent proviendrait du budget du 325e de Rimouski. Wow, la ville va vraiment rayonner au niveau national avec cette construction inutile.

Pourquoi parler de tout ça ? Je vous préviens, je radote un peu. Depuis des années, Le Mouton Noir tente d’obtenir de l’aide financière de la municipalité. Sans succès. Pourtant, au cours de la dernière année seulement, nous avons obtenu trois subventions du ministère de la Culture du Québec. Ce dernier semble croire que Le Mouton est bel et bien un organisme culturel (au sens large). Rimouski a aussi sa politique d’aide aux organismes culturels, mais nous ne sommes pas admissibles (???). La Ville a même revu l’ensemble de cette politique il y a peu de temps pour tenter de mieux desservir la communauté. Rebelote, nous ne nous qualifions pas plus.

Le Mouton fait pourtant rayonner les activités culturelles de Rimouski et du Bas-Saint-Laurent. Nous publions chaque année au moins 60 textes culturels sur des livres, du théâtre, de l’art visuel, de la musique, etc. Tous ces articles portent sur des sujets locaux et régionaux et sont lus partout au Québec. Si ce n’est pas du rayonnement, je me demande ce que c’est.

Et si c’était une forme de censure ? Nous ne sommes pas toujours tendres à l’égard des politiques et des décisions du maire et de son conseil. Mais je n’ose pas y croire. Allons plus loin, Le Mouton est le porte-étendard de la justice sociale, de la parole citoyenne, de la liberté d’expression et de la démocratie. Il ne se passe pas un mois sans qu’on reçoive des compliments pour la qualité et la pertinence de nos propos. Ces commentaires viennent de partout au Québec. Ça ne semble pas impressionner Rimouski. Permettez-moi donc de poser la question ici même. Pourquoi tu ne nous aides pas, Rimouski ?