Sylvie Gourde, Le Tour des Ponts, Saint-Anselme, juin 2017
La contrée de Bellechasse, avec son couvert forestier et ses nombreux lacs et rivières, a été un territoire privilégié pour la chasse (d’où l’origine de son nom), la pêche et la cueillette des Premières Nations. C’est avec fascination que nous avons parcouru une page marquante de la colonisation de notre région portée par les voix de l’animatrice Marie-Émilie Lacroix, de la nation innue, et du conférencier Benoit O. Sioui de la nation huronnewendat, ce mardi 30 mai 2017, en soirée, à la sacristie de l’église de Saint-Anselme.
Invités par Diane Raymond, formatrice et chargée de projet pour Alpha Bellechasse dans le cadre de la formation en francisation, les deux porte-parole des Premières Nations d’Amérique ont laissé une forte empreinte dans les sentiers de la mémoire de la trentaine de participants.
L’exercice des couvertures
Femme innue adoptée par une famille québécoise, l’Anselmoise d’adoption Marie-Émilie Lacroix parcourt le globe en mocassins et plumes dans les cheveux pour affermir les liens entre les individus et les sensibiliser à la protection de l’eau et de la Mère-Terre.
Grand-mère, sage-femme, enseignante, auteure et conférencière, Marie-Émilie Lacroix conduit ici et là ses ateliers de sensibilisation à l’histoire coloniale et à la réalité des peuples autochtones du Québec. Elle revient de France, animera des ateliers au Cap-de-la-Madeleine, à Ottawa puis au Mexique à l’automne prochain. Son parcours s’inscrit dans un mouvement planétaire de protection de l’environnement et du respect de la différence.
L’exercice des couvertures suivi d’un cercle de parole s’avère une occasion de réfléchir sur le vécu des Premières Nations depuis le début de la colonisation européenne. Au fil de son propos, les préjugés tombent à mesure que ratatinent les carrés de tissus, faisant image au morcellement du territoire des Premières Nations et à l’assimilation de leurs langues, us et coutumes. Son propos rappelle les conditions vécues par les autochtones. «Nous ne pouvons pas refaire le passé. Nous voulons seulement parfaire un mieux vivre ensemble, apprendre à mieux nous connaître, à faire un pont pour la protection de nos territoires, la survie de notre planète.», conclut Marie-Émilie Lacroix.
Héritage légué par les Premières Nations à la culture québécoise
Intarissable, Benoit O. Sioui, du clan de l’ours de la nation huronne-wendat, ensorcelle les esprits par son propos nourri de recherches et d’expériences. Très jeune, il développe un vif intérêt pour ses racines et commence sa quête identitaire.
Au cours des étés 1978 et 1979, il a l’occasion de participer à des fouilles archéologiques pendant lesquelles il voit apparaître sous ses yeux une partie de son patrimoine enfouie depuis longtemps. En 2004, il devient chef de sa communauté et responsable des droits ancestraux et issus de traités ainsi que des revendications territoriales. Par la suite, il prend les rênes du Musée de la nation huronne-wendat.
Avec un tel bagage, il est pressenti pour donner des conférences. Il porte dans sa besace une quinzaine de thèmes très prisés au Québec et en Europe allant du Troc entre les Français et les Hurons-Wendat en Amérique du Nord jusqu’au système matriarcal qui prévaut dans leurs communautés.
À partir de 24 items, Benoit O. Sioui nous présente quelques-uns des nombreux legs qui ont apporté une contribution considérable à l’alimentation et à la vie utilitaire lors de la colonisation du Canada, et ce, autant au niveau des moyens de transport, des tenues vestimentaires, du sport et de techniques.
Véritables puits d’informations, Marie-Émilie Lacroix et Benoit O. Sioui ont ravivé notre soif d’en apprendre davantage sur les Premières Nations et de réhabiliter de larges pans de l’histoire des aborigènes qui ont peuplé les trois Amériques.