Les camionneurs artisans manifestent leur désaccord

Pierre Hébert, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 18 mai 2016

À l'instar de plusieurs régions du Québec, une quarantaine de camionneurs artisans des secteurs Compton et Wolfe, œuvrant dans le Haut-Saint-François et membres de l'Association nationale des camionneurs artisans inc. (ANCAI) ont arrêté leur camion, la semaine dernière, devant le bureau du député de Mégantic, Ghislain Bolduc, à Cookshire-Eaton, pour le sensibiliser à la problématique et des risques de perte de revenu que pourrait entraîner une déréglementation de l'industrie du camionnage en vrac.

Les présidents du secteur Compton et Wolfe, Éric Beloin et Daniel Munkittrick, accompagnés de camionneurs auraient bien aimé remettre leur document et réclamation en main propre au député de Mégantic, mais il était absent, participant à une conférence de presse à Sherbrooke. L'objet du document intitulé Encadrement du camionnage en vrac dans les marchés publics comprend plusieurs revendications ainsi qu'un portrait de la situation. L'ANCAI, qui regroupe plus de 5 000 camionneurs dont une cinquantaine dans le Haut-Saint-François, demande entre autres que le règlement sur le courtage en services de camionnage en vrac soit modifié afin de maintenir, dans les marchés publics, le courtage sans but lucratif après le 31 mars 2017. On demande également que les autorités concernées prennent des mesures immédiates pour que cesse le courtage illégal sur les chantiers publics au Québec. « Nous, sur un chantier de construction du gouvernement, présentement, nous, on a 50 % du transport effectué. Le reste, c'est l'entrepreneur comme présentement qui décide qui il va employer. Ça ouvre le marché à un peu tout le monde. Ça crée un climat de travail assez difficile. Ils ont essayé ça depuis 2012. Avant, on avait toujours l'excédent de l'entrepreneur. L'ANCAI va démontrer dans les jours à venir ce qui en est de ce 50 %-là. » M. Beloin laisse entendre que certains entrepreneurs profiteraient de leur 50 % pour faire du blanchiment d'argent, de la collusion et de la corruption. « C'est ce qui accroche au départ, mais surtout, c'est qu'au 31 mars 2017, on existe pu. Contrairement aux permis de taxi qui sont à vie, nous, nos permis sont à date d'échéance qu'il faut renouveler. »

Le déroulement des discussions avec le MTQ ne va pas à la satisfaction des camionneurs. « Ça accroche, ça traîne, ça fait trois ministres des transports en trois ans. On est pratiquement à moins cinq. L'ANCAI, c'est toutes des mini-entreprises. Les membres sont propriétaires de leur camion, d'autres peuvent en avoir deux ou trois. On est rendu à la troisième génération de camionneurs et on a prouvé qu'on a un bon système. C'est un bon principe l'ANCAI. Ça permet aux entreprises locales de bénéficier des contrats qui sont dans leur coin. D'ailleurs, il y a 300 municipalités qui ont adhéré à cette méthode. C'est une belle façon d'encourager les personnes de la place », précise M. Beloin.

Interrogé à savoir s'il était déçu de n'avoir pu remettre le document en main propre au député Bolduc, M. Beloin ne s'en formalise pas. « On sait que c'est des gens bien occupés. » Toutefois, lui et ses membres souhaitent que le député en prenne connaissance et intervienne auprès de son collègue ministre des Transports.

Mentionnons que tous les membres de l'association sont inscrits au Registre sur le camionnage en vrac de la Commission des transports du Québec (CTQ) et sont regroupés dans plus de 80 organismes à but non lucratif détenant un permis de courtage à cet effet. On indique dans le document que cette façon de faire serait remise en question par le ministère des Transports du Québec.

 

Député

 

Rejoint au téléphone, le député de Mégantic, Ghislain Bolduc, mentionne avoir pris connaissance du dossier et d'en avoir parlé dès le lendemain de la manifestation, mardi, au ministre des Transports. « Soyez assurés que le message est bien passé et que le ministre est au courant. Ça va passer dans les affaires courantes. » Toutefois, le député Bolduc mentionne ne pas avoir lu dans le rapport s'il y avait un enjeu spécifique qui fait que le dossier doit être réglé ce printemps. « C'est pas clair », précise-t-il en ajoutant que cela ne se voulait pas une critique, mais une observation. M. Bolduc assure que le dossier sera à l'agenda du ministre.

 

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