Claude Lefrançois : Une vétérinaire particulière

Dan, camelot Jean-Coutu Jarry/Lajeunesse,
L’Itinéraire, Montréal, le 15 mai 2016

Claude Lefrançois roule sur un vélo-remorque comme vétérinaire, à Longueuil. Cela fait presque deux ans qu'elle rencontre ses clients et leurs animaux à leur domicile. Née à Joliette, Claude Lefrançois, était faite pour devenir vétérinaire : jeune, elle s'occupait déjà de tous les animaux du coin. Plus tard, elle a étudié au cégep en sciences de la santé, puis en médecine vétérinaire à Saint-Hyacinthe. Elle a ainsi réalisé son rêve de devenir vétérinaire.

Avant d'exercer son métier à vélo. Claude a travaillé dans plusieurs cabinets de vétérinaire comme à Matane, Montréal-Nord, Brossard, Anjou, ou encore au centre-ville de Montréal. Après 20 ans de travail en clinique où elle opérait la plupart du temps des animaux déjà endormis, elle a eu le besoin de pratiquer son métier autrement.

 

Une initiative originale

 

L'idée de rouler sur un vélo-remorque lui est venue en rencontrant une famille de Cowansville, qui faisait tout à vélo. Le père était criminologue et travailleur de rue, et sa remorque de vélo lui servait de bibliothèque pour toujours avoir avec lui les livres de référence nécessaires. Dans la même période, Claude a lu un magazine qui parlait de vélo standard, Momento, dans lequel un article racontait l'histoire d'un homme qui travaillait dans la construction, à vélo aussi. Il transportait près de 100 livres de matériel dans sa remorque.

En voyant ces deux exemples, elle s'est dit que ce serait tout à fait réaliste pour elle aussi d'exercer son métier à vélo, en estimant qu'elle n'aurait à traîner qu'à peine 25 livres. Elle a alors fait des démarches pour trouver la remorque la plus adaptée à son travail. Elle a déniché un artisan ontarien qui construisait ce genre de remorque, faite d'aluminium et de plastique, et pliable. Quand elle a appris que cet artisan ne faisait plus de remorque, elle a convenu qu'elle devait faire très attention à la sienne, parce qu'elle ne pourrait pas la remplacer.

Son projet de travailler à vélo était enthousiasmant pour elle : pas de dépenses d'essence ni de parcomètre, et pas d'abonnement de gym à payer ! Elle a commencé par rouler deux jours par semaine à vélo, tout en gardant son emploi en clinique les trois autres journées, à Anjou, où elle faisait de la chirurgie et de la consultation. Elle est aujourd'hui vétérinaire à vélo à temps plein, principalement sur la Rive-Sud … parce qu'il y a peu de côtes!

 

Tout le nécessaire dans sa remorque

 

Dans sa remorque, elle transporte tout ce dont elle a besoin: les médicaments, le thermoscope, le stéthoscope, ainsi qu'un coffre à pêche où elle met des onguents, des solutions injectables ; elle transporte dans un sac à dos ses dossiers et ses factures. Elle traîne aussi des échantillons de nourriture pour les animaux.

 

Dans son travail de vétérinaire, elle ne s'occupe normalement que des chiens et des chats, pour la principale raison que ce sont ces animaux qui ont souvent le plus de maladies, entre autres parce qu'ils ont l'habitude de sortir dehors. Les oiseaux et les autres animaux, elle s'en occupe si on rappelle, mais ce sont des bêtes qui ont souvent moins besoin de vétérinaire.

Claude Lefrançois n'a pas de secrétaire et dès le premier contact téléphonique avec le client, elle a déjà une idée assez précise du contexte et des soins qu'elle va devoir administrer. Son travail consiste le plus souvent en une auscultation de base: peser l'animal, écouter le cœur, vérifier les oreilles et les yeux, vacciner, par exemple pour le ver du cœur, etc. Quand il s'agit de cas d'urgence, elle réfère les personnes à un hôpital vétérinaire, puisqu'elle ne transporte pas les animaux dans sa remorque et ne fait pas d'opération à domicile. Il lui arrive aussi de pratiquer des euthanasies.

 

Une médecine davantage préventive que curative

 

Au début, elle traitait principalement les chats, dont les maîtres étaient des femmes plutôt âgées. Ces personnes n'avaient pas de voiture, donc il était idéal pour elles d'avoir une vétérinaire qui venait à domicile. De b9uche à oreille, et de parc en parc, les gens ont passé le mot, vantant son service. Maintenant, toutes les générations et tous les types de gens rappellent pour tes chiens aussi. Ses interventions s'étendent, et la confiance grimpe, à son avantage bien sûr.

Ses prix sont comparables à des rendez-vous en cabinet. Bien sûr, comme elle se déplace, elle prend plus de temps avec les clients, souvent une heure. Elle dit d'ailleurs faire une médecine davantage préventive que curative ; elle s'occupe des suivis des animaux, et prescrit par exemple la nourriture adaptée à l'âge et à ta corpulence de l'animal. Avec de tels contrôles, on évite le développement de diabète, de maladies de peau, d'une mauvaise circulation, etc.

La vétérinaire conseille toujours aux gens d'effectuer un examen de routine une fois par année. C'est pour le bien de t'animal et des budgets, parce que les coûts sont souvent plus élevés quand on attend trop longtemps pour intervenir.

 

Des horaires qui varient d'une saison à l'autre

 

Claude Lefrançois aime son métier, même s'il comporte quelques difficultés. Elle a l'avantage de ne pas être frileuse et se couvre bien, et n'est pas dérangée de sortir l'hiver. En général elle est, malgré elle, presque en vacances à cette période. Ce n'est pas parce qu'elle est rebutée à l'idée de rouler par mauvais temps, c'est simplement que les animaux sont moins malades à cette période où ils sortent moins dehors (pas de puces, pas de tics, etc.). Au-delà du froid, la grosse pluie est le principal inconvénient.

À partir du mois d'avril, les visites recommencent plus régulièrement. Elle a environ une quinzaine de rendez-vous par semaine. Ses journées peuvent être longues : elle travaille généralement de 7 h 30 le matin à 17 h le soir, ainsi qu'une soirée par semaine, pour les gens qui ne peuvent la joindre le jour.

 

En attendant la relève

 

Aimant les animaux, elle est toujours un peu triste d'avoir à procéder à une euthanasie. Elle a souvenir d'une famille de la Rive-Sud, où une mère et ses deux fillettes pleuraient à chaudes larmes à l'idée de perdre leur animal de famille. Pour une rare fois, la vétérinaire a pleuré aussi, et l'animal est parti sereinement lorsqu'elle a fait l'injection.

Claude Lefrançois voudrait une relève, mais la seule personne à exercer le métier de vétérinaire à vélo vit en Oregon … où il n'y a pas d'hiver! Quelques personnes ont déjà manifesté un intérêt pour l'imiter, mais sans suite jusqu'à présent. C'est pourtant pour elle un plaisir de tous les jours, de rouler à vélo pour aller voir les chiens et les chats qu'elle traite, et malgré ses 60 ans, dont elle est fière, elle ne parle pas encore ouvertement d'une retraite.

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