«Les Cantiques de l’eau» de Nancy Lange

Jocelyne Annereau Cassagnol,
Le Sentier, Saint-Hippolyte, mai 2016

Nancy Lange écrit des critiques littéraires, dispense des ateliers d’écriture, s’investit dans des projets multi-Arts et publie depuis plus de 20 ans. Son dernier recueil de poèmes Les Cantiques de l’eau est en continuité avec son engagement et ses actions pour la préservation de l’eau. Comme elle le résume si bien « La poésie est aussi valable qu’un manifeste pour nous, gens de parole, porteurs d’eau et de vie »

Avant de lire le livre, lui-même nous procure des plaisirs tactiles, olfactifs et visuels. La couverture cartonnée glisse sous les doigts, comme une caresse. Le papier, soyeux, a l’odeur du papier glacé sans en avoir le brillant et ce satiné convient bien aux images de l’eau. Les magnifiques photographies de Françoise Belu, en couleur, se retrouvent, se reflètent plutôt sur la page de droite, en reprenant la même image inversée en noir et blanc. Sur un rectangle blanc, translucide, le poème semble voguer au fil de l‘eau. Les textes et les photographies s’interpénètrent, fusionnent. C’est une union parfaite des arts visuels et de la poésie, sur tous les plans. « Dans ce livre, Nancy Lange traduit dans la langue de la poésie ce que j’ai exprimé dans la langue des arts visuels » écrit Françoise Belu. Gilbert Patenaude a traduit ce livre en musique, avec un Quatuor à cordes et du chant choral, à l’occasion du 50e anniversaire de Laval.

 

La thématique de l’eau

 

À travers ces poèmes, c’est une voix qui murmure, fredonne, chante, s’amplifie, une voix profonde qui résonne, interpelle. Elle crie au secours : « L’eau crie bleu en l’étau des villes ». C’est avant tout une voix poétique qui nous ébranle, nous bouleverse. D’emblée, dans le premier poème, Nancy Lange campe la situation périlleuse de l’eau, sur page blanche. Puis elle appelle au respect de cette ressource capitale à notre survie et brandit son étendard : « Je déclare l’eau sacrée ». Elle nous ramène à nos origines les plus lointaines « enfants d’eau » et à notre nature même, nous dont le corps est fait d’eau, qui sommes « porteurs d’eau ». Tantôt elle évoque les formes comme la pluie, les chutes, la mer, les fleuves, la sacralisation que les anciennes civilisations leur accordaient. Tantôt elle se réfère aux grands explorateurs, à la dissémination des catastrophes que l’histoire a traînées dans son sillage. Elle nous alerte à propos de pollution avec « la planète caniveau » mais nous parle aussi de Monet.

 

Des mots pour le cœur et pour l’âme

 

Avec une intuition profonde et une grande sensibilité, elle poursuit son plaidoyer, nous fait partager sa fascination pour cet élément dont la fluidité se fait plus forte que la matière rigide. Elle convoque la « brume d’aube », là « où la douceur du jour nous agenouille ». On se souvient de notre plaisir à contempler l’eau, de la beauté du monde qu’elle reflète, qu’elle enjolive. Tout au long de ce recueil, on perçoit, en alternance, les voix intérieures et les bruits de l’eau, coulant dans les mots d’une suave poésie. On ne regardera jamais plus l’eau de la même façon. Nancy Lange a touché notre cœur et réjoui notre âme.

 

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