Georgette Lapointe et son frère Raymond se racontent…

Gisèle Marcoux, D'un lac à l'autre, Lac-Bouchette, mai 2016

Le 12 avril dernier, je rencontrais en entrevue madame Georgette Lapointe qui célébrait son 91e anniversaire de naissance ce même jour. Son frère Raymond s’est joint à elle pour se remémorer des souvenirs que je partage avec vous.

Fille et fils de Georges Lapointe et de Rose-Anna Gaudreault, c’est à Arvida que se déroule une partie de leur enfance. Le 26 septembre 1945, Georgette se marie à Edmond Gagné et le couple emménage dans la petite municipalité de Sainte-Jeanne d’Arc, petit village où vivaient paisiblement sur une ferme Edmond et sa famille. Le jeune homme avait été exempté du service militaire du fait que son père cultivait la terre, ce qui justifiait sa présence chez lui en ce temps de guerre.

La famille se forme; six enfants verront le jour. Toutefois, la méningite emporte un des leurs âgé de six mois seulement. Puis on déménage à plusieurs endroits, entre autres à Lac-Maggie, dans le rang 10. Par après, on s’installe au village de Lac-Bouchette, voisin du presbytère, propriété transformée par Jean-Pierre Paradis aujourd’hui. Plus tard, ils occupent un logement chez Antonin Martel. Avec l’aide des membres de la famille Lapointe, un garage est construit sur les lieux mêmes où se situe la propriété qu’habite maintenant Paul-Yvon Fortin. Edmond effectue de la mécanique générale, ce qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille. La petite entreprise connaît du succès et on se doit de répondre à la clientèle toujours grandissante. Il faut s’ajuster en fonction des besoins; c’est ainsi qu’un nouveau bâtiment est construit. Cette responsabilité est confiée à Xavier Laforêt qui érigera la maison avec un garage attenant. Elle était située en face du collège pour garçons, la demeure actuelle de Bernard Paradis. Pour avoir en réserve des pièces de voiture, il achète 35 voitures usagées qu’il remise derrière la maison, sur les terrains de Rémi Drolet.

Après plus de dix ans de pourparlers pour la construction de la route La Tuque–Lac-Bouchette, le tout est sur le point de se concrétiser. Le couple échafaude un plan : la construction d’un petit chalet au lac des Commissaires, à l’endroit même où se termine la route 155. On ajoute une rallonge au chalet qui servira de cantine. Vers 1965, toute la famille déménage à cet endroit. L’espace est restreint pour loger tout ce beau monde, et Edmond engage les frères Philippe, Lucien et Camille Roberge pour transformer ce petit chalet en maison avec un grand garage et un restaurant. Un obstacle est à prévoir : il faut dynamiter un cran pour établir les bases du nouveau bâtiment. Tout est possible; leur rêve se réalise.

Raymond raconte qu’il n’y avait pas d’eau courante. Pour s’en procurer, il fallait se rendre à la rivière Quaqua – aujourd’hui appelée rivière des Commissaires – située à quatre milles de distance. Accompagné de son beau-frère Edmond, il remplissait de gros contenants afin d’approvisionner la maison et le restaurant. En 1965, la route est terminée et accessible, mais elle est tortueuse et étroite. Bientôt, les semi-remorques envahissent la route et la clientèle augmente sans cesse. Le restaurant pouvant contenir 25 personnes au début nécessite un agrandissement afin d’accueillir 50 clients. On fournit du travail à plusieurs gens de la place, mais Georgette se démène entre la maison et le restaurant. Son frère Raymond lui est d’une aide précieuse, car la tâche est lourde. Combien de fois l’a-t-on vue aller faire les commissions au volant de sa fameuse Cadillac, bien sûr…

Peu à peu, les enfants se joignent à leurs parents pour collaborer à cette belle entreprise familiale. Marilyne se souvient qu’à l’âge de 11 ans, elle aidait déjà au restaurant. Il fallait découper des petits carrés de beurre, puis remplir des petits cups de lait et y apposer des couvercles – la façon de faire en ce temps-là. Peu à peu, on lui confie des responsabilités et finalement, elle occupera un emploi au restaurant pendant 40 ans, soit jusqu’en 2009.

M. Gagné décède en 1983 à l’âge de 57 ans. Son épouse Georgette continue d’opérer le restaurant. Leurs fils Claude et Donald poursuivront au garage. Ce dernier délaisse l’entreprise et, en 2013, il est emporté par le cancer à l’âge de 60 ans. La santé de madame Gagné décline, ce qui l’amène à quitter définitivement l’entreprise après plusieurs années d’efforts. Aujourd’hui, cette dernière vit à Chambord à la Résidence Lamy, maison où l’on accueille les personnes âgées autonomes ou en perte d’autonomie. Elle a sept petits-enfants et six arrière-petits-enfants. Sa fille Marilyne et son conjoint Tony Chenail lui procurent de beaux moments en lui faisant visiter divers endroits intéressants. Elle se demande pourquoi elle est encore sur cette terre. Sans doute, sa mission ici-bas n’est pas terminée et elle a encore à vivre de petits bonheurs avec les gens qu’elle aime. Nous lui souhaitons la santé, la sérénité et de petites joies au quotidien.

 

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