Jocelyne Aird-Bélanger, Ski-se-Dit, Val-David, mai 2016
Même si on en entend parler tous les jours dans les médias, on n’a pas souvent l’occasion de s’impliquer personnellement auprès des millions de migrants qui fuient la Syrie, en guerre depuis des années. Une vingtaine de nos concitoyens ont pourtant décidé d’accueillir une famille complète de Syriens dans notre village. Un groupe parrain composé de Robin Hutchinson, Alan Gerber, Dominique Forget, Paul Laperrière, Jean-Claude Paradis, Lucie Lévesque, Christelle Castro et Cyril Tannière a accepté d’en être responsable pendant toute une année. Pour réussir à faire venir ces quatre personnes de Turquie, où elles sont stationnées en ce moment, ils ont dû amasser 25 000 $ auprès du public pour assurer leur subsistance pendant 12 mois, période au bout de laquelle elles devraient arriver à s’autosuffire. Ce montant est conservé en fidéicommis par le Coffret de Saint-Jérôme, un organisme familier avec les démarches d’immigration nécessaires au parrainage d’étrangers qui coordonne l’ensemble du projet.
La famille compte deux adolescentes et leurs deux parents, qui ont fui la Syrie au début de la guerre, en 2011. Elle a été forcée de quitter l’Égypte, où elle s’était réfugiée, pour s’en aller au Yémen, d’où elle fut encore une fois expulsée par la guerre civile. On la retrouve finalement en Turquie, dans la région de Bodrum. La vie n’est sûrement pas facile dans ce beau coin de pays, avec l’afflux constant de migrants désespérés. La famille a donc très hâte de vivre enfin dans un pays en paix. Grâce à Skype, il a été possible pour les « parrains » de communiquer avec cette famille, dont la mère était professeure de français à Damas et le père, directeur des ventes et enseignant. Même que le fils d’un des parrains les a rencontrés et leur a parlé de vive voix en Turquie lors d’un voyage récent.
Il restait encore des fonds à trouver pour conclure les dernières démarches en vue de l’arrivée de la famille. Marie Provost, propriétaire de la Clé des Champs, a alors proposé qu’on utilise son local pour la tenue d’un encan silencieux au profit de ce projet de solidarité si courageux. On a fait appel aux artistes et artisans de Val-David, professionnels et amateurs, et 74 œuvres ont été amassées pour cet encan d’un soir. La réponse des créateurs a été impressionnante et instantanée. Celle du public qui a acheté ces œuvres le fut tout autant. L’objectif visé fut vite dépassé, et c’est un montant de 10 000 $ qui s’est accumulé en quelques heures, ce soir-là.
D’ici quelques mois, cette famille syrienne arrivera enfin à Val-David, où elle compte s’intégrer très vite à la vie au Québec. Ne nous restera qu’à l’accepter dans notre milieu qui a su s’ouvrir à bien d’autres personnes au cours des ans. La qualité de vie est une valeur qui se défend et se partage au jour le jour. Merci à nos concitoyens qui sont assez généreux pour s’impliquer à long terme dans cette merveilleuse expérience de fraternité humaine. Et bienvenue à la famille Khayyat!