Pour une ville plus humaine

Nathalie Côté, Droit de parole, Québec, avril 2016

Le comité des citoyens et des citoyennes du quartier Saint-Sauveur (CCCQSS) et le Conseil de quartier présentaient, le 7 avril, leur Plan de mobilité durable. « Nous sommes le premier quartier à faire un plan du genre à Québec et il pourra en inspirer d’autres », assure Éric Martin qui travaille depuis 2011 à ce projet d’envergure. La lecture du Plan d’une soixantaine de pages, émaillé de plusieurs cartes et plans, donne, en effet, le goût de vivre dans Saint-Sauveur et de participer à sa transformation.

Résultat d’une vaste consultation des résidants du quartier, entamée en 2011, de dizaines de rencontres thématiques, le document propose des solutions pour améliorer la vie quotidienne, les déplacements, à pied ou à vélo, et pour améliorer la qualité de vie et la santé des citoyens.

Le lancement de ce Plan arrive à point nommé, alors que des commerçants de la rue Saint-Vallier Ouest et la Société de développement commerciale (SDC) comptent ouvrir des terrasses sur la rue Saint-Vallier cet été. De plus, SPOT (sympathique place ouverte à tous) s’installe dans le quartier au coin de Bagot et Saint- Vallier, dès le 17 juin prochain. À la fois les terrasses et les événements culturels vont animer les rues et contribuer à ralentir la circulation automobile. Avec ce plan, et avec les idées innovantes des commerçants et des acteurs culturels, le quartier Saint-Sauveur pourrait devenir un lieu beaucoup plus humain.

 

Les principales recommandations

 

Le Plan recommande de ralentir la circulation près des écoles, des centres communautaires, des centres de loisirs, en plantant des arbres et en élargissant les trottoirs. Le plan a même l’audace de proposer le retrait d’une voie de circulation sur la rue Marie-de-l’Incarnation, qui en compte trois vers le sud et deux vers le nord. Cela permettrait de faciliter la circulation autour de l’école et de favoriser les déplacements des piétons. Les rues Saint-Vallier, Marie-de-l’Incarnation et Victoria sont les trois lieux d’intervention prioritaire pour les citoyens de Saint-Sauveur.

 

Marquer les entrées du quartier

 

Une des propositions les plus intéressantes, est l’idée de « marquer les entrées du quartier ». Inspiré de la ville de Copenhague, il s’agit d’identifier les entrées du quartier afin de faire comprendre aux automobilistes qu’ils pénètrent dans une zone résidentielle et ainsi marquer clairement la transition entre les artères et les rues locales. Cela pourrait rendre le quartier Saint-Sauveur beaucoup plus attractif.

Ces entrées du quartier sont situées au coin de Charest et Marie-de-l’Incarnation, un espace qui a grandement besoin de se donner une allure plus humaine, afin de ralentir la vitesse des voitures qui arrivent de l’autoroute. Le plan propose d’y mettre plus de végétation, du mobilier urbain, des supports à vélo, par exemple.

Une 2e entrée est située au coin de Marie-de l’Incarnation et la rivière St- Charles, un lieu où arrivent, à vive allure, les automobilistes. L’entrée située à la jonction du boulevard Charest et de Saint-Vallier Ouest, toujours difficile à traverser, est un espace qui devrait être également humanisé pour faciliter les déplacements des piétons. Le Plan suggère de réduire la largeur des traverses pour piétons et de leur donner plus de temps pour les franchir.

Cette entrée est à un coin de rue du projet de terrasses que revendiquent les commerçants de cette partie du quartier. En somme, on peut dire que la transformation du paysage urbain est déjà entamée.

 

La limite de vitesse à 30km/heure

 

Comme le dit Éric Martin, permanent au CCCQSS : « À Québec, c’est le temps qu’on commence un projet pilote pour diminuer la limite de vitesse à 30 km/heure dans les quartiers résidentiels. » Comme cela se fait dans plusieurs villes dans le monde, de Montréal à Paris. Plusieurs astuces sont proposées pour diminuer la vitesse des voitures : installer des dos d’âne, rendre les rues plus étroites, faire des rues partagées entre cyclistes, piétons et automobilistes, etc.

Comme le précise Éric Martin, « les mesures d’apaisement de la circulation ont un effet positif particulièrement dans les quartiers défavorisés. » Les aménagements proposés par le Plan permettraient aux gens de se mouvoir davantage et de marcher plus, et dans un cadre plus sécuritaire. Comme le rappelle le plan, les gens de la Basse-Ville vivent en moyenne sept ans de moins que ceux de la haute- ville. Cet écart est notamment lié à la sédentarité. Faciliter la mobilité des résidants est donc aussi une question de santé publique.

 

Il faut planter plus d’arbres

 

Les ilots de chaleur sont un des problèmes du quartier Saint-Sauveur. Le Plan suggère que la Ville de Québec mette tout en oeuvre pour conserver les arbres existants et que des nouveaux arbres soient plantés dès que des rues seront réparées. Les citoyens proposent même de créer une réserve financière afin d’aménager des espaces verts, de multiplier les zones de jardinage urbain et les murs végétaux.

 

Le transport en commun plus accessible

 

Le plan propose d’augmenter la fréquence des trajets des bus 1, 80 et 18 pour favoriser les déplacements pour les résidants du quartier, dont près de la moitié ne possèdent pas de voiture. Non seulement les citoyens ont besoin d’un meilleur service, mais aussi d’un meilleur accès avec des tarifs spéciaux pour les plus démunis, voire la gratuité du transport en commun.

 

Une montée mécanique vers la haute-ville

 

Sur le modèle de l’ascenseur du Faubourg, qui relie Saint-Roch et Saint-Jean- Baptiste, les citoyens de Saint-Sauveur veulent une montée mécanique qui permettrait de faciliter davantage les déplacements. Le plan propose qu’elle soit installée au bout de la rue Victoria. Cela faciliterait les déplacements à pied et à vélo mais aussi avec poussettes et marchettes, et permettrait de désenclaver le quartier.

 

Comment mettre en œuvre ces recommandations ?

 

Pour Éric Martin, la mise en œuvre de ce plan doit être collective. En effet, comme il ne fallait pas attendre que ces idées d’avant-garde viennent d’en haut, leur application demandera une mobilisation des gens du quartier.

Déjà quelques applications sont déjà envisagées : «On travaille sur un projet pilote avec la Ville, explique Éric Martin. On va aménager des terrasses et du verdissement temporaires sur Saint-Vallier Ouest et Carillon. Un des endroits qu’on vise en priorité. »

Le Plan de mobilité durable du quartier Saint-Sauveur est à lire. Procurez-vous-le ici. Inspirez-vous-en pour votre quartier et utilisez- le pour faire de Saint-Sauveur un endroit où les gens auront le goût de vivre.

 

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