Lyne Boulet, Le Sentier,
Saint-Hippolyte, avril 2016
Depuis le 10 mars, la bibliothèque de Saint-Hippolyte présente une exposition des œuvres de l’artiste Fabrice Landry: #Transposition / constat de notre condition. Lors du vernissage du 10 mars, on a pu voir Fabrice Landry en mode création avec la projection du vidéoclip Si tu reviens de Louis-Jean Cormier. Dans ce vidéoclip, la caméra s’attache aux mains de Fabrice. On voit naître une œuvre sous nos yeux. D’entrée de jeu, on constate la rapidité et la précision d’exécution de l’artiste. Il tire cette sûreté de coup de main de son expérience de peinture en direct. « Et de son talent naturel, nous confiait un proche. À cinq ans, il s’est dessiné en détail. Il y avait même les boutons sur ses vêtements! » Cette toile de techniques mixtes sur papier fait partie de l’exposition.
Pourquoi et comment peindre
Fabrice Landry a choisi ce mode d’expression pour s’interroger et interpeller le spectateur. « Je veux susciter quelque chose, ne pas laisser indifférent, a-t-il affirmé. Je suis en recherche. Et cette recherche vise à déclencher des questionnements, des critiques, des commentaires, des réflexions. » Son travail comporte plusieurs étapes. Il peint d’abord le fond de sa toile au latex blanc qu’il a dilué avec de l’eau pour créer un effet presque délavé. Puis il utilise des photos qu’il « trafique » : saturation de couleur, jeu de contrastes, etc. Il projette ensuite cette image sur sa toile pour en dessiner les contours. Commence alors le travail de peinture acrylique : photo projetée sur un écran à côté de lui, il la reproduit sur sa toile « presque au pixel près! », dit-il. Ce fond blanchâtre en latex sur lequel se superpose l’acrylique aux couleurs vives crée un trompe-l’œil voulu par l’artiste.
Une exposition témoin
Fabrice a choisi de rassembler dans cette exposition des peintures appartenant à différentes périodes de création et à différents univers. Il nous présente des toiles des séries Occuper les lieux, Icône de banlieue, Hypertechnologie. Ainsi que plusieurs peintures réalisées depuis le début de 2016. « Dans Occuper les lieux, nous dit-il, j’ai représenté des adolescents de banlieue qui investissent des lieux abandonnés à Laval. Ils ne sont pas autorisés à flâner dans des endroits publics. Ils s’approprient donc des lieux que la société de consommation a rejetés. Dans Icône de banlieue, j’apporte une teinte d’humour. Je présente des images stéréotypées qui sont à mi-chemin entre la glorification et la critique. Avec la toile Naissance virtuelle de la série Hypertechnologie, j’ai voulu pousser à l’extrême en montrant que même manipuler un nouveau-né passe par la technologie. » Deux grandes toiles de 2016, Aller-retour et Vider la place illustrent l’utilisation de l’espace, du terrain, dans une société de consommation. « Vider la place présente une tondeuse, un outil qui enlève, arrache dans un stationnement vide. Le personnage symbolise presque la mort. J’ai voulu exprimer la tristesse d’un espace pour voitures. Quand je longeais cet endroit il y a quelques années, c’était un boisé. La nature a perdu cet espace. »
L’art se renouvelle
Au-delà du paysage et du portrait, de l’acrylique et du pastel, des artistes-peintres explorent d’autres avenues qui enrichissent d’autant les arts visuels. Ils nous offrent de nouvelles pistes à découvrir. Fabrice Landry est l’un d’eux. Son exposition vous attend jusqu’au 27 avril à la salle multifonctionnelle de la bibliothèque.