Alberto Reyes Zamora, L’Itinéraire, Montréal, le 15 mars 2016
Brown, un groupe de musiciens composé d'un père et de ses deux fils, a lancé son tout premier opus éponyme le 22 janvier dernier. La musique est présente au sein de cette famille depuis toujours, et témoigne de son métissage et de sa recherche d'identité.
Le père, Robin Kerr (du groupe montréalais Uprising), est une influence majeure sur le travail de Brown. Résident du Québec depuis trois décennies, il a conservé ses couleurs jamaïcaine et anglophone.
Les deux fils, Grégory et David Beaudin-Kerr, font déjà partie de la scène musicale québécoise. En effet. Grégory est aussi connu sous le nom de Snail Kid, de la formation Dead Obies. Quant à David, il est également présenté sous l'alias de Jam, et associé aux collectifs K6A et le rappeur P-DOX. Le désir de former le groupe Brown date de plusieurs années et découle de plusieurs jam sessions familiales.
Métissage et recherche d'identité
Le thème du métissage est bien présent dans leur musique et cela s'explique par le fait que les parents sont d'origines différentes : le père est Jamaïcain anglophone et la mère est Québécoise francophone. Dans la chanson Black White on peut d'ailleurs entendre les paroles suivantes : « hait bûcheron et moitié rasta». Cela représente bien les dualités de l'album, qui m'ont interpellé. On les retrouve dans les paroles, mais aussi dans les titres des pièces: Jeune vieux, Black White et Début fin.
Au court spectacle de lancement, qui avait lieu au Bleury-Bar à vinyle, j'ai retenu une phrase qui explique la recherche d'identité présente dans la vie des trois artistes : « Je suis Blanc aux yeux des Noirs et Noir aux yeux des Blancs». J'ai par contre eu de la difficulté à comprendre certaines strophes à cause de l'utilisation du franglais, car je ne maîtrise pas totalement l'anglais, mais aussi à cause du jargon, qui est propre à Brown.
De plus, le débit rapide souvent associé au style rap a également été un facteur. D'autant plus que les paroles ne sont pas disponibles quand on achète l'album. C'est seulement en contactant le label qu'on peut les obtenir… mais pas toutes!
Des univers différents
À la base, l'album est de style rap. Mais les styles sont eux aussi métissés. Au rap s'ajoute un côté psychédélique que j'aime et qui consiste en des mélodies répétitives et hypnotiques. Par exemple, dans la chanson Me No Care, on peut entendre le mot «câlice» à plusieurs dizaines de reprises. On peut entendre aussi des côtés électro et reggae qui complémentent bien le style rap.
Comme une recette bien réussie, le dosage des mélodies variées nous transporte dans des univers différents, les chansons s'enchaînent et coulent bien.
J'aimerais souligner que l'achat du disque est aussi un geste important pour encourager l'industrie au Québec. On doit, selon moi, encourager les produits qui viennent de chez nous.