Dominique Langevin, Le Cantonnier, Disraeli, mars 2016
Depuis à peine un an, Chantale Gagnon et Jocelyn Debaque habitent une jolie maison de ferme à Stratford aux confins du parc Frontenac. Dans la grange, il y a deux ânes magnifiques dont les cris rappellent le son des trompettes; des poules brunes, de belles poules blanches Chantecler et un gros coq noir fier de sa basse-cour. À l’extérieur, à l’abri du vent, pousse un jeune prunier. On devine une rocaille de fines herbes sous la fine couche de neige. Deux chiens de traîneaux se bousculent autour de nous et les chats se taquinent.
Chantale et Jocelyn cultivent leurs jardins de façon écologique par traction animale. Ils ont emménagé au début de l’été dernier et se sont tout de suite mis à l’ouvrage. Ils ont harnaché leurs ânes, butté, fertilisé, semé, planté et réussi à produire des légumes qu’ils ont vendus à la boutique de leur ferme et au Marché public Lac Mégantic. Il est fort probable que vous en ayez mangé au restaurant l’Intermède du Lac de Disraeli. La propriétaire, Véronic Béliveau a été l’une des premières partenaires à acheter leurs produits.
Un peu d’histoire
Le couple n’en est pas à ses premiers pas en jardinage écologique. Il a étudié en horticulture, elle en écotourisme et ont travaillé plusieurs saisons comme ouvriers agricoles. Ils rêvaient d’avoir leur propre ferme et cultiver leur jardin sans se servir du tracteur.
En 2010, le rêve prend forme. Ils achètent une terre à Bergeronnes sur la Côte Nord et mettent sur pied une petite entreprise: Les jardins des Bergerânes. Après avoir suivi différentes formations en traction animale, ils achètent deux ânons mâles qu’ils nomment Koka et Kamel. Ils les éduquent et en 2012 travaillent leurs jardins avec eux. Les récoltes sont bonnes et ils vendent leurs paniers de légumes, au marché de Tadoussac, aux campings et aux restaurateurs. Tout va bien, jusqu’au jour où l’eau salée du fleuve Saint-Laurent s’infiltre sous la terre, par des failles souterraines, et contamine le puits. Pas d’eau, pas de récolte! Une solution drastique s’impose. Leur rêve ne va tout même pas se terminer de la sorte. Le couple décide donc de vendre et de relocaliser le tout. Après avoir cherché dans toutes les régions du Québec, c’est à Stratford qu’ils trouvent et recommencent…
La dimension écologique et le choix de l’âne
Comme l’explique Chantale: «Il est important pour nous de produire des légumes de façon écologique, sans pesticides ni produits chimiques, avec le plus grand respect de la nature. Nous travaillons plutôt en prévention qu’en traitement et choisissons des variétés de graines résistantes au climat d’ici. Nous fortifions nos plants en les arrosant avec du purin en début de croissance. Notre terreau d’ensemencement et nos semences sont non traités ou biologiques et proviennent des semenciers locaux. Nous n’utilisons pas de tracteur parce que c’est un pas de plus pour un environnement plus sain.»
En pays de chevaux, pourquoi choisir l’âne ? «Il y a plusieurs raisons » répond Chantale ». « L’âne a un petit empâtement, il marche les pattes croisées comme les chats, ce qui est différent du cheval. Son empreinte au jardin est donc moins prononcée. C’est aussi un animal docile et moins craintif que le cheval. Il aime bien être harnaché et adore travailler. »
N’a-t-il pas la réputation d’être un animal têtu? « Non » dit-elle. « Je pense que cela vient du fait que les propriétaires de chevaux qui ont aussi des ânes, ont tendance à les dresser comme des chevaux alors qu’un âne doit être éduqué. Il faut lui montrer comment faire. C’est un bon élève! »
Des légumes frais chaque semaine
Dès le mois de juin, Les Jardins offriront la livraison locale de paniers de légumes frais chaque semaine, jusqu’en octobre, à bon prix. Si vous êtes intéressés par cette offre alléchante tout en soutenant une démarche écologique, il suffit de vous inscrire avant le 20 avril, via le formulaire qui figure sur leur site web sous l’onglet « paniers » à : www.lesjardinsaupasdelane.com.