Pour mieux comprendre le monde acéricole

James Allen, Le Tour des Ponts, Saint-Anselme, mars 2016

Vous avez probablement entendu parler du rapport Gagné et du mécontentement de nombreux acériculteurs, il y a quelques semaines. Pourquoi plusieurs d’entre eux sont mécontents? Ce mois-ci, je vais tenter de vous expliquer. Le rapport Gagné a été déposé au début de février par M. Florian Gagné. Ce rapport lui avait été commandé par le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, M. Pierre Paradis, dans le but de mieux connaître la situation actuelle et l’avenir en acériculture.

Cependant, la Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ) et la grande majorité des producteurs qu’elle représente ne sont pas en accord avec plusieurs points du rapport Gagné. Ils tiennent à ce que soient préservés les acquis du système actuel. En effet, même si l’érable est un symbole de notre pays et même si notre région est réputée depuis toujours pour sa production acéricole, la production du sirop d’érable n’a jamais été aussi dynamique au Québec que depuis le dernier quart de siècle. Ce dynamisme, les acériculteurs le doivent aux outils dont ils se sont dotés ces dernières décennies pour réguler leur production.

D’abord, depuis 1989, la FPAQ gère un plan conjoint qui lui permet de réglementer les conditions de production et de mise en marché du sirop d’érable au Québec. Parmi les mécanismes qui ont suivi ce plan conjoint, il y a celui de l’agence de vente qui détermine la quantité de sirop qui devra être produite pour suffire à la demande de l’industrie.

De plus, le Québec est le seul endroit au monde où le sirop d’érable livré en baril est systématiquement contrôlé par une entreprise indépendante. Chaque année, des vérificateurs de la qualité goûtent, inspectent, vérifient et classent plus de 200 000 barils de sirop d’érable. Cela permet de garantir la qualité du produit aux acheteurs.

Certaines des recommandations du rapport Gagné s’appuient sur une interprétation inexacte des données économiques. Le rapport Gagné prétend que le Québec a déjà produit 80 % du sirop mondial, mais, en réalité, de 1985 à 2015, le Québec n’en a produit que 72 %. Pendant cette période, le seuil de 80 % n’a été franchi qu’à deux reprises, soit en 2000 et en 2003.

Le rapport Gagné recommande l’abolition de plusieurs outils de mise en marché collective et si ces recommandations sont appliquées, cela nous ramènerait à l’époque où l’instabilité, l’évasion fiscale et l’absence de développement caractérisaient cette industrie. Plusieurs acériculteurs plus âgés se rappellent une époque où il était difficile d’avoir un prix stable, juste et équitable pour leur sirop.

En ayant un prix stable, c’est toute la filière acéricole qui en bénéficie. Les vendeurs d’équipements sont plus intéressés à réinvestir, les acheteurs et transformateurs ont une meilleure idée à long terme du prix qu’ils auront à payer pour les prochaines années et les institutions financières sont davantage ouvertes à prêter dans ce secteur s’il est plus stable.

Même le consommateur a tout à gagner, puisque le prix subit de moins grandes fluctuations. L’acériculture a grandement évolué depuis quelques décennies. Je vous recommande fortement de consulter le www. fpaq.ca si vous souhaitez obtenir d’autres informations intéressantes à propos de cette industrie.
 

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