Laurent Lamarche marie l’art et la science

Paul-Henri Frenière, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, février 2016

D’entrée de jeu, on se croirait dans un laboratoire scientifique où l’on nous présente le résultat d’expérimentations surdimensionnées. Laurent Lamarche propose l’exposition D.E.Mo qui prend place au centre Expression jusqu’au 17 avril. C’est un concept de musée-laboratoire qui s’inscrit dans la pratique « artistico-scientifique » de ce créateur montréalais.

« J’ai appelé cette exposition D.E.Mo pour Démonstration Expérimentation Monstration, en référence à l’essai de Nicolas Reeves, le fils de l’astrophysicien Hubert Reeves. Laurent Lamarche n’est pas un scientifique, mais on pourrait le croire avec l’imagerie qu’il présente. Il pratique une méthodologie expérimentale », explique Ève De Garie-Lamanque, commissaire de l’exposition.

Certaines de ses œuvres rappellent le contenu d’une boîte de Petri où prolifèrent des bactéries. En fait, ce sont des impressions laminées sous plexiglas et la matière qu’il numérise — comme du plastique par exemple — est récupérée et transformée.

Il aime cette méthode puisque la lumière traverse la matière et lui donne vie en quelque sorte. Le même concept, mais utilisé différemment, se retrouve dans l’installation « Transfigurateurs » qui occupe la pièce centrale. Fabriqués en partie avec des objets encore une fois récupérés, sept projecteurs diffusent des images également sphériques, mais en mouvement. Encore une fois, l’imaginaire scientifique de Laurent Lamarche s’impose en faisant référence au microscope et aux lentilles grossissantes.

 

La lumière et le mouvement

 

La lumière et le mouvement sont exploités différemment dans l’installation « Diffraction dichroïque » située à l’arrière de la salle. Des diodes électroluminescentes (DEL) émettent leurs rayons sur une pellicule en mouvement, ce qui produit des effets colorés sur les murs et le plafond, rappelant les aurores boréales. La matière utilisée est un film polymère multicouche (dichroïque) permettant un changement de couleur selon la luminosité et l’angle d’observation.

La curiosité scientifique de l’artiste s’exprime aussi dans une œuvre qui occupe le centre de la salle d’exposition. « Fossile » se présente comme un large tableau où est encastrée une épaisse plaque de plexiglas. Observables de l’avant ou de l’arrière, les motifs apparents font effectivement penser à des fossiles à première vue. Lorsqu’on s’approche, on peut toutefois constater le travail de l’artiste qui a gravé le plexiglas avec des têtes perceuses de différentes dimensions et d’autres outils graveurs. Le résultat est intrigant et laisse place à diverses interprétations à la frontière de la mécanique et de l’organique.

 

Entre la nature et l’artifice

 

La commissaire Ève De Garie-Lamanque explique la démarche de l’artiste de 39 ans qui est détenteur d’une maîtrise en arts visuels de l’Université du Québec. « Dans son travail, en élaborant des organismes vivants fictifs, Laurent Lamarche questionne les relations entre la nature et l’artifice. Il crée des sculptures aux formes étranges et hybrides qui se trouvent à la frontière des univers microscopiques et macroscopiques. »

« À l’origine de sa réflexion se trouve la question suivante : entre réalité et fiction, comment concevoir un dispositif de monstration de l’indicible ? Pour y répondre, Lamarche interroge la relation entre l’artiste et le scientifique par rapport à leur conception de la transformation de la matière. »

 

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