Thierry Bégin-Lamontagne: voyager avec un virtuose

Lyne Boulet, Le Sentier, Saint-Hippolyte, février 2016

Le 30 janvier, Diffusions Amal’Gamme présentait à Prévost un spectacle de guitare classique du Québécois Thierry Bégin-Lamontagne, dans la série Jeunes Virtuoses. J’aime voyager et me retrouver en terre inconnue. Et c’est ce dépaysement que j’ai vécu durant ce concert.

On s’initie à une nouvelle langue lorsqu’on va en pays étranger. Dans la contrée de la guitare classique, il faut également connaître un minimum de « conventions » pour savoir interpréter ce que l’on entend. Thierry le virtuose m’a pris la main pour m’amener avec lui dans son monde. Il m’a enseigné des mots nouveaux et appris des notions que j’ignorais. Grâce à lui, staccato, glissando, legato, harmoniques naturelles, accord de ré en corde à vide ont acquis un sens avant de s’exprimer en musique.

 

Virtuosité

 

Durant tout le spectacle, j’ai été hypnotisée par la musicalité des notes qu’il tirait de son instrument; et par l’agilité et l’extrême dextérité de ses doigts se déplaçant sur les cordes avec une incroyable aisance. Je dis déplacer parce qu’il s’agit d’un terme neutre et mécanique. En réalité, au fil des minutes, ses doigts papillonnaient, chatouillaient, caressaient ou séduisaient sa guitare. Et ils le faisaient tantôt avec douceur, tantôt avec détermination ou passion. Les oreilles grandes ouvertes, les yeux rivés sur ses mains, j’ai découvert son jeu.

 

Répertoire

 

L’ambiance était feutrée, tentures noires sur les côtés et derrière la scène, éclairage discret. On ne voyait que lui ne faisant qu’un avec son instrument. Il a interprété du Scarlatti, du Molino, du Paganini et la 3e Rossiniane de Giuliani. C’est d’ailleurs avec cette pièce qu’il a gagné le 1er prix du Concours international Jose-Tomás en Espagne. Ce qui lui a permis de présenter vingt concerts dans six pays européens. Puis, après avoir « désaccordé » sa guitare, il nous a proposé une pièce contemporaine dont il est amoureux, Koyunbaba de Carlo Domeniconi. Une interprétation qui m’a fait succomber: pulsations, battements de cœur, pincements de gorge, tout mon être vibrait à l’unisson. Les Variations sur le Carnaval de Venise, version Tárrega, ont clos cette Serenata Italiana. Il nous a offert une exécution humoristique et divertissante de ce classique de la Renaissance qui nous a allègrement promenés d’un registre à l’autre.

 

Carrière

 

D’une grande générosité, Thierry Bégin-Lamontagne a joué deux pièces en rappel dont l’une de son album Aquarelle. À l’aube de la trentaine, il a déjà remporté un nombre impressionnant de distinctions et de prix dans des concours nationaux et internationaux. Récipiendaire d’une bourse de perfectionnement, il s’envole pour Paris à la mi-février pour un séjour d’étude de six mois. On disait de Paganini qu’il avait fait un pacte avec le diable pour avoir une telle virtuosité, nous racontait Thierry durant le concert, mais en réalité, elle venait de ses pratiques, de 24 à 30 heures par jour…!. Et c’est bien la route où il s’est résolument engagé, encore et toujours; parfaire sa technique.

 

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