L’importance des aînés chez le peuple algonquin

Louise Leboeuf, Le P’tit Journal de Malartic, Malartic, le 30 septembre 2015

Mère de six filles et d'un garçon et grand-maman de trois garçons et de deux filles, Jacqueline Gunn tient à inculquer les valeurs de son peuple à sa descendance. «La famille est importante pour notre peuple. J'ai toujours voulu rassembler ma famille», explique Jacqueline, jeune grand-maman âgée d'à peine 49 ans et encore très active dans la société. Elle ajoute que les aînés l'aident à avoir la sagesse, la confiance en soi et même la volonté de faire face aux embûches de la vie.

Depuis quelques années, les aînés autochtones en perte d'autonomie bénéficient d'une résidence dans la réserve du Lac Simon. Cette résidence leur permet même des séjours sécuritaires dans le bois pour pêcher et garder le contact avec leur style de vie ancestral. Pour Jacqueline, il est important de transmettre à ses enfants et à ses petits-enfants des manières de dans le bois. « Si je le pouvais, je vivrais dans le bois.

Pour nous, c'est nos traditions de vivre de la chasse, de la pêche et de la trappe. Même si les enfants vont à l'école, ils ne doivent pas perdre leurs traditions», renchérit-elle. Chez elle, pas de discrimination, les filles et les garçons apprennent à chasser, pêcher, trapper, nettoyer les peaux de fourrure et à cueillir les fruits sauvages. Jacqueline et son époux ont une maison en bois rond dans le bois qui est entourée de chalets pour sa famille. «On aime se retrouver ensemble et partager un repas autour du feu, ça c'est la vraie vie. Dans le bois, je ne suis jamais malade.

Aussi souvent que possible, on quitte la ville pour se retrouver dans notre monde», explique-t-elle. Pour Jacqueline, l'école est un passage obligé. «Mes parents vivaient dans le bois. Je me souviens de ma joie d'aider maman qui travaillait au camp des bûcherons, j'aurais toujours voulu rester auprès d'elle. J'ai dû être placée en famille d'accueil pour étudier. À l'école, j'ai vécu de l'humiliation.

Mes frères aînés ont été dans les pensionnats. Ils en ont gardé de très mauvais souvenirs», se souvient-elle. Jacqueline garde donc l'œil ouvert en ce qui concerne l'éducation de ses enfants. Elle n'hésite pas à intervenir au moindre conflit.

On doit aussi préserver notre langue. « Je veux apprendre à mes enfants à parler l'algonquin. Chez nous, on peut débuter une phrase en anglais, y répondre en français et conclure en algonquin», s'esclaffe Jacqueline qui répète ce message à ses enfants et petits-enfants.

Unie à sa famille, elle leur mentionne l'importance d'une vie saine sans tomber dans les problèmes de consommation: «J'ai tellement vu des gens se détruire en consommant drogue ou alcool. Je répète aux enfants qu'ils doivent se tenir loin de ça. Il n'y a aucun bonheur à en retirer.»

Jacqueline et son époux travaillent au Centre d'amitié autochtone. « Je suis fière de travailler au Centre d'amitié autochtone. C'est un beau milieu et on s'y sent chez nous.»

Pour Jacqueline, le travail est important. «Quand mon bébé a eu 9 ans, j'ai été sur le marché du travail. Je veux que mes enfants comprennent l'importance du travail pour gagner leur vie», conclut Jacqueline qui s'apprêtait à quitter Malartic pour un séjour dans le bois avec toute sa famille.

Richard Kistabish, Algonquin originaire de Pikogan a reçu la Médail le de la Paix du YMCA pour sa contribution à la mise sur pied de la Commission vérité et réconciliation du Canada. Cette commission a fait le tour du Canada pour entendre les témoignages des anciens élèves des pensionnats autochtones, elle a été de passage en région. Elle visait également à faciliter la réconciliation entre Autochtones et non-Autochtones.
 

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