L’homme qui plante des arbres à l’île

Hélène Bayard, Autour de l’île, île d’Orléans, septembre 2014

Michel Verville ne croit pas beaucoup aux vertus de la retraite sinon pour s’engager dans la poursuite d’une passion. C’est ce qu’il a fait. À la fin de sa carrière en finance et en courtage en valeurs mobilières, il s’est tourné vers un domaine qui l’intéressait et l’attirait depuis longtemps : la nature, en particulier les arbres.

Bon planificateur – les finances l’y avaient bien préparé – il a d’abord cherché à se familiariser avec cette nouvelle sphère d’activité. Pour ce faire, il a participé à une étude sur l’horticulture qui lui a permis de mieux connaître l’agroéconomie et de rencontrer plusieurs intervenants du milieu, entre autres de l’Institut québécois pour le développement en horticulture ornementale(IQDHO).

 

Des essences nobles

 

En 2006, à la retraite donc, il fait l’acquisition d’une ferme, à Saint-François, en partenariat avec un ami. L’idée d’y planter des arbres fait son chemin, mais ce n’est qu’en 2008 qu’il s’y est mis, important d’une pépinière ontarienne de jeunes pousses d’essences nobles : quelques centaines de chênes, d’ormes, d’érables, de tilleuls, de marronniers destinés à devenir des arbres de gros calibre. «L’année suivante, je suis tombé sur une bonne occasion. Une pépinière des environs fermait ses portes et vendait toutes sortes de boutures d’arbres de gros calibre. J’ai tout ramassé. Maintenant, j’ai environ 2 500 arbres en plus de sapins de Noël plantés dans un champ en jachère et qui atteindront leur maturité dans quelques années», nous dit Michel Verville.

Une randonnée en VTT sous la pluie (mais bon, c’est bien pour les arbres!), à travers la plantation, m’a permis d’admirer des rangées de jeunes arbres vigoureux, bien droits et bien taillés, au feuillage sain. «Ces arbres avaient deux à trois ans quand je les ai achetés, en 2008; ils sont arrivés en paquets, à racines nues. Je les ai mis en pleine terre et je les ai engraissés et taillés pour qu’ils aient belle allure. Ils ont maintenant huit ans et, selon l’essence, le diamètre du tronc atteint de deux à quatre pouces ou plus. Ils sont prêts à être vendus et transplantés.

L’arbre qui a poussé ici, en pleine terre, aura davantage de racines et sera en conséquence plus robuste que l’arbre qui a poussé en pot, dans une pépinière», dit Michel. On gagne ainsi beaucoup de temps ; au moment de la transplantation, le client aura un arbre de belle allure, belle tête, déjà formé, bien taillé et robuste. Michel fait aussi remarquer qu’il existe maintenant des variétés d’ormes résistants à la maladie hollandaise des ormes ; on peut s’en procurer chez lui.

Pour la vente, les arbres sont sortis de terre avec une arracheuse, afin de bien protéger les racines qui sont ensuite entourées de terre puis enveloppées dans une poche de jute, ce qui facilitera la transplantation.

 

Une grande variété d’arbres ornementaux

 

Dans des champs clôturés, des rangées de pommetiers japonais et autres arbres ornementaux tels que seringas, amélanchiers, lilas, hydrangées, sorbiers, mûriers sont protégés des chevreuils qui en feraient volontiers un bon repas. Ailleurs poussent des pins blancs et des pins rouges, des mélèzes, aussi, que Michel recommande pour faire des haies brise-vent.

Six ans après le début de cette belle aventure postretraite, les arbres de la plantation de Michel Verville arrivent à maturité. Plusieurs ont trouvé preneur ici même à l’île et Michel a rencontré les élus municipaux pour les informer de sa production et les inviter à s’approvisionner chez lui. Le choix est vaste et la qualité au rendez-vous. De plus, Michel Verville offre des conseils et un service personnalisé : «On ne plante pas n’importe quel arbre n’importe où, nous dit-il. Je me déplace pour vérifier que l’environnement et le sol conviennent à l’arbre choisi par le client et je peux procéder à la transplantation si le client le désire. On a un besoin impératif de planter des arbres. Le sort de la planète en dépend», ajoute-t-il.

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