«The new sheriff in town»

Joëlle Girard, Échos Montréal, février 2014

En devenant le quatrième maire de Montréal en un an, après Gérald Tremblay, Michael Applebaum et Laurent Blanchard, Denis Coderre s’était donné comme objectif, le soir du 4 novembre dernier, de faire « rayonner la ville à nouveau». Alors, comment qualifier ce début de mandat? «Exaltant », lance d’emblée le maire, tout sourire dans son nouveau bureau de l’Hôtel de Ville. « Moi je n’attends pas, quand je prends un dossier, on part, ajoute-t-il. Quatre heures, c’est déjà trop pour dormir. »

Rapidement, de gros dossiers sont d’ail – leurs atterris sur le bureau du nouveau venu en politique municipale. «C’est mon premier budget… Je dirais qu’on est en train de mettre la table. […] Je prends le pouls. Je m’acclimate bien », estime-t-il.

Parmi ses priorités pour l’arrondissement de Ville-Marie, se trouve notamment la « redéfinition » du centre-ville qui, depuis 5 ans, souffre d’une baisse d’achalandage inquiétante. « Il faut penser à la réfection de la rue Sainte-Catherine. Moi, ce qui me séduit à la fin, c’est la piétonnisation de la rue [dans la portion ouest de la ville]. Je ne voudrais pas qu’on fasse juste un trou, qu’on mette un tuyau et puis bye-bye. Est-ce qu’on peut encore rêver ? », demande l’ancien député fédéral.

« Il faut arrêter les esprits de clocher, poursuit-il. Pour moi, on ne parle pas de Laval, Saint-Basile et Mirabel contre Montréal. C’est Montréal, New York, Paris. On est une des grandes métropoles du monde. On a une diversité exceptionnelle et on fait partie des grands. Mais il faut commencer par le croire nous-mêmes.»

 

L’envers de la médaille

 

Or, si Montréal possède les atouts des grandes métropoles, elle écope inévitablement des problèmes qui les assaillent. L’itinérance en premier lieu. Une triste réalité qu’a rappelée la mort d’Alain Magloire sous les balles des policiers, le 3 février, alors qu’il était en état de détresse psychologique. Mais ce dossier, M. Coderre ne souhaite toutefois pas le commenter. «On va laisser l’enquête se dérouler. »

«L’itinérance c’est pour moi une question essentielle, dit-il toutefois, lui qui avait servi des repas chauds lors du dîner des rois de l’Accueil Bonneau à la mi-janvier, sous les flashes des photo graphes de presse. C’est beau de créer la richesse, mais il faut la partager. » «En 1998, Montréal comptait 30 000 sans-abris, explique M. Coderre. Combien y en a-t-il aujourd’hui ? On ne sait pas. Ce n’est pas tout le monde qui est d’accord, mais moi je pense qu’on devrait documenter davantage la situation. Il ne faut pas que ça se fasse au détriment de l’aide concrète, mais ça pourrait être utile. »

« On donnait normalement de 1,4 à 1,6 million pour l’itinérance et toutes sortes de problématiques reliées. Dans le prochain budget, j’ai ajouté 1 million », précise Denis Coderre, qui dit avoir reçu la certification de la ministre déléguée aux Services sociaux Véronique Hivon qu’une politique serait déposée « ce mois-ci ». «C’est assez les Sommets et les consultations, il faut agir, sensibiliser. »

 

Privilégier les services aux citoyens

 

Hyperactif, le maire souhaite s’attaquer à la réforme de Postes Canada, qu’il juge bâclée, et à la question de la sécurité, en proposant un débat sur la vidéosurveillance, entre autres dossiers, sans d’ailleurs oublier celui de la faillite de Bixi. Une mauvaise nouvelle qui pourrait avoir une incidence sur le quotidien de milliers de Montréalais. « Il faut répondre aux 59 000 abonnés, dit le maire. En 2014, ils vont pouvoir se promener en Bixi. En 2015, je vais donner une réponse honnête, je ne sais pas. Beaucoup de gens le souhaitent. Je souhaite trouver une solution pour Bixi, ça devrait bouger dans les prochaines semaines.»

«Comme les Anglais disent: the new sheriff in town ».

 

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