Noël Grenier, le musicien hanté, casse la baraque à l’Espace galerie Sherpa !

Gilles Simard, Droit de parole, Québec, décembre 2013

Il y avait du swing et beaucoup d’émotion dans l’air, le six décembre dernier à l’Espace galerie Sherpa, alors que Noël Grenier, auteur-compositeur-interprète de plus en plus connu dans la Basse-ville de Québec, lançait son deuxième album en moins d’un an et ce, devant un parterre conquis à l’avance par sa voix chaude et rugueuse et son inclassable dégaine de chansonnier hanté.

Rencontré plus tôt en journée, le sympathique père de famille, grand-père et technicien de formation déclarait simplement, à propos de son deuxième « bébé » intitulé Le musicien hanté : « Quand tu commences à croire suffisamment en toi, les planètes s’alignent et tes rêves ne peuvent faire autrement qu’aboutir. » Une image convenue, certes, mais qui revêt tout son éclat si on regarde le parcours tantôt ombrageux, tantôt chaotique de ce jeune soixantenaire arrivé sur le tard dans le monde très touffu de la production musicale.

En effet, ce Beauceron d’origine deviendra très tôt orphelin et sera systématiquement trimbalé d’un foyer d’accueil à l’autre, avant de pouvoir, à l’âge de quatorze ans, pratiquer en solo ses premiers rifts de guitare. « Imaginez, rigole-t-il, j’ai été obligé de passer ma guit  par le châssis de la cave parce que c’était plutôt mal vu, à l’époque, de jouer de la guitare dans une famille d’accueil… Surtout que j’étais déjà pas mal rebelle et délinquant. » Mais, de poursuivre Noël, en parlant de ses errances, si ça peut servir à quelqu’un, je veux juste dire que, peu importe l’âge et le temps, l’important c’est de persévérer. Quand ça aboutit, quand on mène à terme notre projet, c’est incroyable le sentiment d’accomplissement et de fierté!»

Chanter l’amour, chanter l’espoir, chanter la vie! Le fait est que Noël, qui dit avoir subi les influences combinées de Serge Fiori, Gerry Boulet et Neil Young, et qui se définit comme un folk singer québécois, a toujours su trouver dans la musique un formidable exutoire à son mal de vivre. Partant, même s’il avoue avoir connu de longues périodes de silence dues à l’itinérance et aux dépendances, il n’aura de cesse, en reprenant pied, de revenir à ses premiers amours de jeunesse, la musique.

Aujourd’hui, cet homme qui a apprivoisé ses démons et appris à composer avec un léger trouble de santé mentale, se sert de son indéniable talent pour chanter l’amour, les saisons, la vie et célébrer ses trois enfants dont ses deux filles, Marie- Noëlle et Amélie. En plus, outre de s’entraîner régulièrement et de participer activement à différents comités d’entraide sociale, le chansonnier urbain livre parfois son vibrant témoignage sur la question de l’itinérance. « Mais, précise- t-il, c’est d’abord et avant tout pour ma musique et mes chansons que je voudrais que les gens me connaissent, pas nécessairement pour mon passé. »

Enfin, Noël Grenier garde sa forme et sa fougue en offrant ici et là des mini-concerts avec son comparse Marc Lamy (percussions) et s’active déjà sur un nouveau concept d’album qui, en plus de devenir le succès qu’on lui souhaite, devrait être beaucoup plus expérimental côté sonorités.

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