Les employés de Cascades East Angus disent oui à 90%

Pierre Hébert, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 4 décembre 2013

Avec un pourcentage de 90 % du vote en faveur de poursuivre la démarche de mise sur pied de la coopérative de travailleurs qui reprendrait les activités de l'usine Cascades East Angus, le président du Syndicat des travailleurs et travailleuses des pâtes et papiers d'East Angus (CSN), Éric Huppé, estime avoir toute la légitimité d'avancer dans le projet.

« Je suis content du résultat. Ça nous donne de quoi de significatif quand on va aller au gouvernement et pour trouver des investisseurs. » Les travailleurs du Syndicat de l'usine ainsi que ceux et celles du Syndicat national des employés de bureau d'East Angus (CSN) ont participé à l'une des deux rencontres, tenues jeudi passé, et voté massivement en faveur de la démarche. Sur 127 bulletins de vote, 114 se sont prononcés en faveur alors que 13 ont rejeté l'idée.

M. Yvan Duceppe, CPA, de la firme MCE Conseils, entreprise qui fait régulièrement affaire avec la CSN et qui connaît bien l'usine selon M. Huppé, a présenté l'état de la situation financière et l'analyse des perspectives d'avenir de l'entreprise. C'est sur la base des informations fournies que les travailleurs ont pris le vote. Plusieurs questions ont été posées par les membres notamment pour les pensions. « C'est un mini-choc des générations. Certains étaient prêts à partir à la retraite, les jeunes veulent continuer, mais ça a bien été », de commenter Éric Huppé. Ce dernier mentionne que les employés-cadres avaient également été rencontrés par les représentants syndicaux et s'étaient montrés intéressés au projet.

Alain Lampron, président de la Fédération de l'industrie manufacturière-CSN qui participait à la rencontre, mentionne « il faut que tout le monde embarque. Tous les travailleurs de l'usine doivent embarquer. Il faut une forte majorité si ont veut aller au gouvernement en garantissant des prêts. »

Les intervenants mettront sur pied au cours des prochains jours un comité provisoire. Les participants ne sont pas encore identifiés, mais outre les représentants syndicaux, on souhaite s'associer des ressources externes, des personnes compétentes dans différents domaines, dans le but d'obtenir une meilleure lecture de la situation. Selon M. Lampron, la mise sur pied d'une coopérative ne saurait tarder. Questionné sur la période, le président de la FIM-CSN répond « on parle en mois », un horizon de six mois semble réaliste. « Il faut regarder les finances, faire une étude de faisabilité, déterminer c'est quoi les besoins des prochaines années, faire un plan pour les trois prochaines années au niveau des investissements et voir l'accompagnement de Cascades. »

Bien des sujets restent à élucider. D'ailleurs, M. Lampron ajoute que « certaines conditions sont incontournables pour la réalisation de la coopérative, notamment la sollicitation d'investissements à la hauteur de 15 millions $. De plus, un prélude important est que Cascades demeure responsable du passif environnemental ainsi que des différents déficits accumulés pour l'usine d'East Angus toujours existants au moment de la transaction. » Ce dernier ajoute que « la direction de Cascades a d'ores et déjà annoncé qu'elle respecterait ces termes. » M. Lampron ajoute qu'il sera impératif que la coopérative s'associe avec un groupe d'administrateurs d'expérience ayant fait leurs preuves.

M. Huppé se montre optimiste quant à l'avenir. « Cascades nous laisse l'usine pour le coût de l'inventaire et les comptes à recevoir. La coopérative aurait zéro passif des dettes de Cascades. » Ce dernier ne se fait pas d'illusions et connaît l'historique de l'usine qui affiche des bilans déficitaires au cours des dernières années. « On connaît la situation économique de l'usine. On remarque une légère tendance vers la rentabilité. Le projet, on y croit, mais c'est certain qu'il y a des conditions à remplir. Si l'usine reste là et il n'y a pas d'améliorations, ce n'est pas viable. Il faut travailler à l'amélioration des grades de papier vers une spécialité. » L'avantage qu'aura la coopérative, de laisser entendre M. Huppé est que « nous, on sera pas aussi endettés que Cascades. On n'aura pas plusieurs bébés à bercer; on en aura juste un. Dans le fond, on n'a rien à perdre, tout à gagner dans le processus d'aller voir et négocier des choses. » À cet effet, M. Huppé soutient que les relations sont positives avec la haute direction de Cascades. « Les discussions sont bonnes. On les sent ouverts à nous faciliter l'acquisition. » Interrogé à savoir ce qu'il advenait avec les négociations concernant le renouvellement de la convention collective, Éric Huppé laisse évidemment entendre qu'elles sont sur la glace, mais ajoute qu'il était près d'une entente. « Il restait les salaires à régler. On n'est pas à couteaux tirés », précise-t-il.

Lisa Cormier, présidente du Syndicat national des employés de bureau d'East Angus, mentionne que les 12 membres du syndicat ont tous voté en faveur du projet. « Avec les projections, c'est faisable. Cascades est prêt à nous aider, services d'achat, ingénierie, développement. On va former un comité provisoire et on va pouvoir aller chercher les personnes ressources. »

 

Réactions

Peu de réactions ou à peu près pas de la part des travailleurs au terme de la soirée d'information. Invités à commenter la situation, les travailleurs qui s'empressaient à quitter les lieux se refusaient à émettre tout commentaire, n'obtenant comme réponse que « Je préfère garder ça pour moi, je n'ai rien à dire. » D'ailleurs, il y avait peu de travailleurs présents au moment de l'annonce du résultat du vote, à croire que la majorité avait une bonne idée de ce qui allait se produire.

 

Appui

 

Le maire de East Angus, Robert Roy, se réjouit du résultat du vote. « Il y a des employés compétents. Je comprends que c'est énervant, ils veulent aller plus loin, voir si c'est rentable et c'est sage. » Convenant que la municipalité ne peut s'impliquer directement dans le dossier, M. Roy offre tout de même son aide en tant qu'individu. « J'offre mon aide. Je peux aider à ouvrir des portes, chercher des investisseurs. Je suis prêt à être sur le comité s'ils le désirent, » de conclure le maire de East Angus.
 

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