Gaston Rioux, une carrière au service de la coopération

Marjolaine Jolicoeur, L’Horizon, MRC des Basques, octobre 2013

« S’il n’y avait pas eu les coopératives, il y aurait un grand pan de notre économie où nous ne serions pas maîtres chez-nous ». Gaston Rioux croit tellement aux forces sociales et économiques de la coopération, qu’il en a fait une carrière autant ici qu’à l’internationale.

Le parcours professionnel de ce résidant de Saint-Mathieu est impressionnant. Il a travaillé au sein d’une multitude de projets de coopération. Avec le Mouvement Desjardins mais aussi avec des coopératives aussi diverses que Citadelle, la Coopérative provinciale des apiculteurs du Québec, les Magasins Coops-Cooprix ou les Pêcheurs-Unis du Québec.

 

Tour du monde coopératif
 

Ce coopérant a été chargé de projet et a effectué des missions au Rwanda, au Sénégal, en Ukraine, en Arménie, en Côte d’Ivoire, à Haïti ou au Cameroun. « En Hongrie, alors que le parti communiste venait de s’effondrer, on a demandé à Desjardins de trouver des consultants pour privatiser des coopératives laitières. Nous en avons fusionné huit. Ça été un gros projet de deux ans, mais je revenais au Québec à tous les trois mois».

Pendant son séjour au Rwanda, la guerre civile éclate et Gaston Rioux est rapatrié de justesse. « Je suis retourné après la guerre et on a réussi à consolider une coopérative de producteurs de riz dont une dizaine de villages dépendaient. Et ce, même si la moitié du personnel avait passé à la machette. »

Au Rwanda, il a aussi soutenu le démarrage d’une coopérative d’épargne et de crédit regroupant plus de 10 000 femmes. « Dans ce pays, les femmes sont exclues du système économique formel. Avec le système de microfinance, les tontines, comme on les appelle, mettent leur argent en commun et s’aident mutuellement ».

L’Afrique est-elle ouverte au système coopératif? Pour Gaston Rioux, nul doute que ce continent est sensible aux valeurs coopératives mais, dit-il, « les gens ont de la difficulté à se structurer, à monter un plan d’affaires et c’est là que j’interviens. Avec eux, je prépare un plan de gestion et les accompagne dans leur démarche. Il ne s’agit pas d’aller là-bas pour réintroduire un système colonialiste. Faut s’adapter aux coutumes du pays et être capable d’accepter les différences.»

 

Une retraite coopérative
 

Après sa longue carrière de gestionnaire et de coopérant, Gaston Rioux a senti le besoin de relever encore des défis. « Parce que j’avais la passion d’être utile et voulait partager mon expertise ». Pendant plusieurs années, il s’investit dans SACO (Service d’assistance canadienne aux organismes) une organisation de développement basée sur le volontariat et qui s’adresse spécifiquement à des professionnels retraités. Il effectuera plusieurs séjours au Cameroun « un pays que j’affectionne particulièrement », mais aussi avec les Algonquins dans un projet de coopérative de sirop d’érable.

L’hiver dernier, il a passé trois mois en Haïti à encadrer et conseiller des finissants universitaires à la Chambre de commerce des Gonaïves. « Nous avons une vision très négative d’Haitï. Depuis le tremblement de terre il y a quatre ans, énormément de choses positives ont été accomplies. C’est un très beau pays qu’on aurait intérêt à découvrir en tant que touriste.»

 

Où sont les Basques?
 

Gaston Rioux se repose maintenant de ses voyages dans sa maison de Saint-Mathieu, avec son épouse retraitée de l’enseignement. « Je suis né dans la Beauce, mais mon père vient de Saint-Simon et ma mère de Trois-Pistoles. Nous passions tous nos étés dans le Bas-du-Fleuve », raconte celui dont le père était notaire et le grand-père maternel le célèbre notaire Rousseau de Trois-Pistoles.

Pour ce gestionnaire aguerri de retour dans la région depuis quelques années, quelles sont ses impressions sur la situation économique des Basques? « Avant tout, je déplore que notre sentiment d’appartenance soit effrité par cette fausse identité basque. Assez ridicules ces pancartes disant Bienvenue chez les Basques! Nous ne sommes pas des Basques, mais plutôt des Normands et des Bretons. Nous devrions rechercher une identité historique forte et authentique car les familles souches qui ont réellement bâti le Bas-Saint-Laurent ne sont pas les Basques »

Il continue en précisant qu’il est temps, dans une si petite MRC comme la nôtre, de regrouper nos forces « et de repenser la ruralité, d’étudier en profondeur les économies apportées par la rationalisation et le regroupement des services municipaux, de recentrer éventuellement notre structure régionale et de fusionner nos municipalités. Nous sommes trop divisés, cela alimente les guerres de clochers. Pour ma part, j’ai un esprit de développement plus régional que local. »

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