Pour en apprendre davantage sur l’esturgeon jaune

François Beaudreau, L’annonceur, Pierreville, le 28 août 2013

L'esturgeon jaune, une espèce dont le statut peut être considéré comme précaire, est actuellement sous la loupe de l'équipe du Bureau Environnement et terres d'Odanak. La biologiste Émilie Paquin dirige ces jours-ci le second volet d'une étude chez cette espèce présente dans la rivière Saint-François, dans le cadre du projet Kabasa, un mot Abénaki qui désigne l'esturgeon jaune.

« Cette année, nous commençons une nouvelle étape qui a comme objectif d'en connaître davantage sur la population qui vient se reproduire ici, dans la rivière Saint-François, parce que ce ne sont pas tous les esturgeons présents du fleuve qui remontent la rivière, mais seulement une partie », explique la biologiste, lors d'une entrevue. « Présentement, nous voulons étudier les habitats particuliers de la rivière qui sont fréquentés par l'espèce. »

L'équipe du Bureau tente d'en savoir un peu plus, notamment sur l'habitat d'alimentation et les refuges thermiques de l'esturgeon jaune en période d'étiage, c'est-à-dire quand le niveau du cours d'eau est à son plus bas et qu'il fait chaud. « Présentement, l'information que nous recueillons est totalement inexistante au sujet de cette espèce dans la rivière Saint-François », précise Émilie Paquin.

Sur une période de deux semaines, l'équipe du Bureau Environnement et Terres, de concert avec le personnel de la firme de consultants en environnement AECOM, capture des poissons à l'aide de différents types de filets et engins de pêche. « En fonction des prises que nous faisons, nous serons en mesure de nous faire une idée plus précise des espèces de poissons qui fréquentent les endroits ciblés et constater la présence ou non de l'esturgeon jaune », ajoute-t-elle.

Plus tôt cette année, pendant la période du frai, l'équipe a capturé une quarantaine d'esturgeons jaunes. « On parle de poissons entre quatre-vingt centimètres à un mètre trente », indique celle qui est en charge du projet. Les chercheurs ont ensuite examiné les poissons pour déterminer leur stade de maturité et leur sexe. Ils ont pesé et mesuré les prises en plus de prélever des échantillons de leur nageoire caudale, pour des fins d'analyse génétique. Avant d'être relâchés, les poissons étaient marqués d'une étiquette d'identification. En fonction du nombre de poissons qui seront capturés de nouveau, à l'avenir, les scientifiques pourront étayer leurs connaissances de l'espèce, à l'aide de modèles mathématiques. « Cela nous permettra d'avoir une idée de l'abondance, du nombre de poissons qui viennent se reproduire dans la rivière Saint-François », souligne Émilie Paquin.

Rappelons que l'année dernière, l'équipe avait réussi à repérer deux seuls sites de reproduction de l'espèce sur la rivière Saint-François, tous deux situés dans le secteur de Drummondville.

« Un des sites était connu. L'autre avait été aménagé au début des années deux mille. Notre étude a permis de confirmer que ces deux sites-là étaient toujours utilisés, plus de dix ans plus tard et que c'était les deux seuls sites utilisés dans la rivière Saint-François pour la reproduction de cette espèce-là», confirme la biologiste.

Notons que le projet Kabasa poursuivi par le Bureau Environnement et Terres d'Odanak porte notamment sur l'acquisition de connaissances sur l'esturgeon jaune, dans le but de sensibiliser les membres de la communauté de même que les intervenants locaux quant à la biologie, la sensibilité et l'importance de l'espèce.

L'esturgeon jaune est considéré comme un emblème pour la communauté d'Odanak, qui s'est donnée comme mandat de réaliser un portrait actuel de l'utilisation de cette rivière par l'esturgeon jaune au moment du frai.

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