Du vélo et de la démocratie

Normand Gagnon, Autour de l’île, L’île d’Orléans, juillet 2013

Tous ne l’ont peut-être pas remarqué mais l’assemblée de consultation sur le projet d’aménagements cyclables à l’île d’Orléans a fait surgir une question qui préoccupe plusieurs citoyens : seront-ils véritablement consultés quand des décisions importantes les touchant de près seront prises par les élus, leurs mandatés ou encore par les organismes publics ?

En effet, lors de cette assemblée, nombreux ont été ceux et celles qui ont manifesté leur volonté de voir les édiles procéder à une nouvelle consultation une fois le projet complété, notamment par une description de son mode de financement, et amendé sur la base des interventions du public. Certains membres de la table des présentateurs semblent avoir compris ces demandes de consultations additionnelles comme une remise en question de leur légitimité et ont tenté de justifier soit leur présence parmi les promoteurs, soit le pouvoir de décision que leur confère leur statut d’élu.

Pourtant, on pourrait comprendre tout autrement les revendications exprimées alors par ces citoyens. Celles d’être non seulement écoutés, mais effectivement impliqués tout au long du processus décisionnel. Participer plutôt que subir ! L’importante participation à cette assemblée ne démontre-t-elle pas d’ailleurs un intérêt certain pour la chose publique, tout à l’opposé de l’indifférence et du cynisme qu’on a l’habitude d’attribuer aux citoyens. Ne devrait-on pas se réjouir de cette volonté affichée de démocratie participative et délibérative ? Une écoute attentive des élus et des organismes publics de même qu’un accueil bienveillant aux arguments avancés lors d’assemblées publiques témoigneraient du fait qu’ils considèrent ces débats publics non pas comme de la simple parlote mais comme une incontournable exigence de la démocratie, comme une condition essentielle à la bonification et à l’éventuelle acceptation d’un projet.

D’autre part, sachant que lors des élections municipales les candidats sont souvent élus par acclamation ou sur la seule base de la confiance qu’on leur accorde, il devient impératif que des consultations soient menées fréquemment. Faire confiance à quelqu’un, ce n’est pas lui dire qu’on va le suivre dans toutes ses initiatives, mais reconnaître en lui des qualités qu’on estime importantes pour la conduite des affaires publiques. À moins que les aspirants ne se présentent avec un programme électoral détaillé couvrant tous les champs de l’activité humaine, ce qui de toute façon n’est généralement pas la règle ni à l’île ni ailleurs, cette contrainte doit s’imposer. À la réflexion, elle le serait d’ailleurs dans cette dernière situation puisque l’on sait par expérience que la meilleure équipe présente rarement le projet parfait ; il y aura toujours ne serait-ce que des oublis ou des incohérences que des centaines d’yeux vont le plus souvent déceler.

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