Jean Charron, L’Info, Saint-Élie-d-Orford, juin 2013
On découvre à tout âge, Récemment j'ai appris que dans la langue hébreux il n'y aurait pas de mot pour dire charité, Pour un chrétien, c'est étonnant, mais on disait aussi que le mot équivalent était justice, Quelle belle idée!
Le mois passé en écrivant sur l'histoire d'Haïti je notais les injustices dont souffre ce peuple. Si on me payait 10$ par jour pour un travail et qu'en plus on avait le culot de dire en parlant de ma situation financière: « Mais qu'a-t-il ce Jean? Quand va-t-il donc s'en sortir?» Je crois que je serais de bien mauvais poil. N'est-ce pas ce que l'on dit des Haïtiens: Quand ce peuple s'en sortirat-il ? À la lumière de ce qui précède la réponse serait-elle : lorsque nous aurons remplacé la charité par la justice?
Par hasard, je suis né au Québec. Par hasard, je n'ai pas de handicap majeur. Historiquement je suis né à une époque glorieuse où on n'a jamais été aussi riche avec une espérance de vie inégalée et tout aussi par hasard d'autres humains sur cette terre connaissent un sort beaucoup moins enviable.
Si nous sommes tous des frères et soeurs, vivant sur une unique planète, nous croyons que les êtres humains naissent égaux comme le déclarent si généreusement nos chartes des droits, alors en constatant notre richesse ne devrions-nous pas en toute justice, partager?
Connaissez-vous le concept de l'empreinte écologique? Allez voir sur intemet. En y remplissant un questionnaire, j'y ai découvert que si tous les êtres humains consommaient autant que moi, nous aurions besoin des ressources de six planètes comme la nôtre pour les satisfaire. C'est dire que je suis devant une assiette avec six fois ma part des richesses de la planète et que je ne dois pas faire la charité, mais la justice, en réduisant ma consommation. Cela ne veut pas dire de ne pas donner à notre collecte de fonds 2013, Haïti en a grand besoin, mais qu'il faut peut-être plus que cela pour régler les inégalités dans le monde.