Claude Desjardins, une artiste pour la paix

Marjolaine Jolicoeur, L’Horizon, MRC des Basques

Dans le tombeau de l’empereur chinois Quin, en 221 avant J. C, on plaça 6 000 soldats grandeur nature formant une sorte d’armée en terre cuite. Voulant faire contrepoids à cette vision guerrière, Claude Desjardins souhaite réaliser 6 000 soldates de la paix en argile. Pour cette artiste, se définissant aussi comme sculpteure et entrepreneure sociale, l’art est à la fois un processus créatif, une thérapie et un moyen de s’unir en tant que communauté. Avec l’œuvre collective des soldates de la paix, elle veut que nous nous demandions : « Qu’est-ce que je fais pour la paix et la non-violence dans le monde mais aussi pour la trouver en moi ? »

Dans les ateliers qu’elle anime, des personnes de tous âges sculptent leur soldate en se laissant guider par leur intuition. Sur la sculpture, un espace est réservé pour allumer une bougie, comme pour brandir une flamme de lumière au lieu d’une arme. Chaque soldate est numérotée, identifiée puis jumelée à celle portant le même numéro sur les six continents de la planète, formant ainsi comme un symbolique chemin de paix entre les différentes cultures.

 

Genèse du projet

 

« J’ai commencé mon projet des soldates lors des événements du 11 septembre 2001, alors que j’habitais en Colombie-Britannique. À ce moment-là, je me suis dit que je devais concrètement faire quelque chose pour la paix. Pour la paix dans le monde mais aussi pour la paix en moi, en travaillant sur ma propre colère et en pacifiant la guerre que je porte à l’intérieur », raconte cette Métis dont le père venait de la nation algonquine. Elle avoue avoir vécu une enfance difficile au sein d’une famille dysfonctionnelle. « C’est l’art et la nature qui ont guéri ma souffrance, c’est mon travail avec l’argile qui m’a mise au monde ».

Cette notion de Terre-mère si importante pour les autochtones, elle l’a véritablement découverte en « entrant dans le bois » et en vivant des moments intenses au contact de la nature. « Cela m’a permis de me connecter avec mes racines autochtones, en étant à la fois chamane et artiste ».

 

Une armée de paix

 

Près de 2 200 soldates ont, à ce jour été créées, dont une centaine en France. Dans la MRC de Rivière-du- Loup, 225 statues proviennent d’enfants âgés entre 5 et 11 ans. « Pendant leur création, je leur demandais de réfléchir à c’est quoi la paix, c’est quoi la guerre, mentionne Claude Desjardins. Certains ont répondu spontanément que oui, ils faisaient la guerre en dénigrant leurs amis et qu’ils devaient au contraire parler de leurs qualités. Qu’un câlin était un geste de paix ».

Le plus dur pour ces enfants a été de ne pas apporter à la maison leur soldate mais de la laisser partir, de la donner. On a pu admirer leurs oeuvres pendant tout le mois de mars à la Bibliothèque Françoise Bédard de Rivière-du-Loup

 

Des soldates en marche

 

L’artiste offrira d’ici peu, en partenariat avec COSMOSS de Rivière-du-Loup, des ateliers réunissant parents et enfants. Récemment, vingt coordonnatrices liées à la Table de concertation des groupes de femmes du Bas-Saint-Laurent ont façonné leurs soldates de la paix maintenant exposées dans la vitrine d’un centre pour femmes à Matane.

En décembre 2013, dans le cadre de la semaine de la non-violence envers les femmes, le Centre-Femmes Catherine-Leblond de Trois-Pistoles proposera aussi un atelier de fabrication de soldates de la paix.

Pour la Journée internationale de la paix, le 21 septembre prochain, Claude Desjardins rêve d’une grande marche réunissant des centaines de personnes dans les rues de Rivière-du-Loup convaincue que « nous avons le pouvoir mais aussi la responsabilité de créer la paix ».
 

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